Les représentants de la Fédération nationale des sourds d›Algérie appellent à la création d›un centre national de formation en langue des signes.«1800 métiers peuvent être assurés par les sourds-muets tandis qu›en Algérie, l›on se limite à la menuiserie et la cordonnerie», relève-t-on. Environ 170 000 personnes sourdes ont été recensées à l'échelle nationale. Tels sont les chiffres avancés par Ahmed Zekhref, président de la Fédération nationale des sourds d'Algérie (FNSA), lors d'une conférence de presse animée hier, au siège de la fédération, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des sourds-muets. Néanmoins, ces statistiques sont loin de refléter la réalité de ce handicap. Aucun recensement fiable de la population sourde n'a été effectué jusque-là», a déclaré Mustapha Guiroub, secrétaire général de la FNSA, appuyant son constat sur des témoignages qu'il a recueillis lors d'une tentative de recensement entamé par la fédération. Les représentants de cette fondation appellent à la création d'un centre national de formation en langue des signes ainsi qu'à l'officialisation de cette langue. Ce serait la seule façon qui permettrait de mettre fin à la marginalisation des sourds. Lors de cette rencontre, les deux intervenants sont revenus sur la stratégie de l'insertion sociale et professionnelle des sourds, qu'ils jugent insuffisante. «L'inclusion des sourds passe inéluctablement par la formation et l'emploi qui conditionnent leur existence», a affirmé M. Guiroub, enseignant spécialisé en langue des signes, mettant l'accent sur les problèmes auxquels est confrontée cette frange de la société. «Les sourds souffrent de la marginalisation. D'autant plus que leur handicap est invisible», a-t-il fait remarquer. En effet, toutes les difficultés qu'ils rencontrent sont liées essentiellement à la communication. «Notre fondation, qui lutte depuis sa création contre le rejet des sourds, a assuré la formation pour les interprètes de la langue des signes», a précisé ce professeur. Ainsi, 254 greffiers ont été formés depuis le lancement de cette opération. Néanmoins, «la formation a été menée dans des conditions difficiles dans la mesure où les moyens dont on dispose sont limités», a souligné le secrétaire général de la FNSA, précisant que les formateurs – en l'occurrence les sourds – n'ont pas perçu leur salaire jusque-là. La fondation a envisagé tout de même de former des interprètes dans d'autres secteurs, à savoir la police, la douane, la médecine, etc. Les membres de cette fondation plaident également pour une prise en charge intersectorielle : «Tous les secteurs doivent s'associer pour que cette catégorie puissent réussir son inclusion dans la société», a affirmé cet enseignant en langue de signes. Outre la formation de base au niveau des écoles, M. Guiroub met l'accent sur la nécessité d'une meilleure prise en charge au niveau des centres de formation professionnelle en ce sens que «1800 métiers peuvent être assurés par des sourds. Tandis qu'en Algérie, leurs métiers se limitent à la menuiserie et la cordonnerie», a-t-il déploré. En effet, la prise en charge des personnes atteintes de surdité diffère d'une région à une autre selon les moyens mis en place. Néanmoins, le vécu des sourds se trouvant dans le sud du pays est des plus déplorables : «20 sourds ont été recensés au sein d'une même famille à Tamanrasset. Dans certains cas, les sourds ne sont même pas enregistrés à l'état civil. On ne fait recours à eux que lors des campagnes électorales», a regretté M. Guiroub.