“La communauté sourde en Algérie continue d'être marginalisée et isolée et n'entrevoit aucun projet d'avenir. Cet isolement, aggravé par l'absence d'une stratégie véritable en faveur des sourds, est la conséquence d'un manque d'information”, a souligné M. Mustapha Guiroub, secrétaire général de la Fédération nationale des sourd d'Algérie (FNSA), lors d'une conférence de presse animée hier au siège de la fédération sise au centre familial de Ben Aknoun à l'occasion de la Journée mondiale des sourds. Il a également expliqué que “l'insertion sociale et professionnelle reste un slogan qui n'est pas suivi d'action. Les sourds n'ont toujours pas droit à l'information télévisée, ce qui accentue leur isolement. Il n'y a pas de place pour eux dans les plans de recrutement des entreprises ni de formation professionnelle”. Le secrétaire général de la fédération dira que “cette journée est l'occasion pour notre communauté de faire entendre sa voix et faire connaître à l'opinion publique ses difficultés et l'absence de stratégie réelle permettant l'intégration sociale et professionnelle des sourds”. “Les sourds-muets en Algérie ont des problèmes dans tous les domaines. Ils nécessitent une prise en charge précoce”, a appuyé M. Guiroub. Ce dernier a mis l'accent beaucoup plus sur le manque de considération de la part des pouvoirs publics à l'égard de cette catégorie de handicapés. “Non seulement, ils sont considérés par la société comme étant des malades mentaux, ils sont privés de leurs droits les plus élémentaires. Leur intégration ne peut se faire seule. Il faut un suivi et une prise en charge à long terme de la part de tous. Tous les secteurs doivent s'associer pour donner la chance à cette frange de la société d'accéder au logement et un travail. Il est à noter que 1 800 postes d'emploi peuvent être assurés par des sourds-muets”. Concernant leur nombre, le responsable de la fédération a avoué qu'aucun recensement n'a été effectué par les pouvoirs publics. Selon leur estimation, ils sont environ 170 000 sourds au niveau national. Quand aux établissements spécialisés pour les sourds-muets, ils sont de l'ordre de 39 EJS (écoles de jeunes sourds) au niveau national. “Nous ne savons rien sur ces écoles car nous n'avons pas le droit ni les prérogatives d'accéder pour les évaluer. Nous savons que l'école des sourds de la commune de Mohammadia est en instance de fermeture et le sort de 170 élèves est compromis. C'est une école qui existe depuis 1976 où beaucoup d'élèves ont décroché leur BEM et bac”, a annoncé avec regret le secrétaire général de FNSA et d'ajouter que le problème majeur qui se pose est celui de la subvention. “Nous n'avons aucune aide de la part de l'Etat. Pourtant, nous sommes là pour représenter la communauté sourde et la défense de ses intérêts, d'exposer toutes ces difficultés, mais aussi de parler de projets à concrétiser. Que devient l'Office national de la langue des signes ? Où est le conseil consultatif pour le handicapé ?” se demandera M. Guiroub, qui insistera à la fin sur l'officialisation de la langue des signes et le financement de la part de l'Eat pour l'acquisition du matériel et des équipements pour les sourds-muets.