« Pour une meilleure connaissance des exactions coloniales françaises en Algérie », est le leitmotiv de tous les militants écrivains français venus en nombre, pour la 17e édition du Sila, battre en brèche les dernières résistances des tenants du colonialisme positif. La vedette du jour, la journaliste du quotidien français Le Monde, Florence Beaugé, célèbre pour ses contributions anticoloniales, est monté au créneau lors d'une conférence sur le thème « Indicible de la guerre d'Algérie, torture et crimes coloniaux », un triptyque réunissant les auteurs et historiens Claude Juin et Yves Salvat, tous deux anciens soldats du contingent ainsi que la moudjahida Louisette Ighilahriz. Le plus émouvant récit, celui de Mohamed Garne, présent à la conférence, fils de Khéira Garne, torturée et violée par plusieurs soldats français à l'âge de 16 ans, a fait craquer l'audience par son accablant témoignage dans son livre « Français par le crime, j'accuse ». Pour sa part, Claude Juin, qui présente aussi son livre « Des soldats tortionnaires, Guerre d'Algérie : des jeunes gens ordinaires confrontés à l'intolérable » édité chez Média-Plus, vient par son témoignage de soldat du contingent (appelé du service militaire) appuyer le récit de Louisette Ighilahriz sur les atrocités commises par les soldats français en partant de son expérience personnelle vécue à Bordj Menaïel. Dans ses recherches qui ont abouti à l'œuvre présentée au Sila, Claude Juin a dit ne pas comprendre comment « la France, pays des droits de l'homme, qui avait vaincu le fascisme en 1945, était capable de telles atrocités », et n'est toujours pas capable aujourd'hui de régler ses comptes avec le passé comme « l'a pourtant fait avec l'Allemagne ». Florence Beaugé a par ailleurs affirmé que les Algériens ne demandaient pas aujourd'hui la repentance mais la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux. La journaliste, qui a beaucoup enquêté sur les crimes de l'armée française en Algérie, la torture et les viols de femmes algériennes par les soldats de l'armée coloniale, a conclu son réquisitoire en soulignant qu'il n'était « plus possible de continuer éternellement à mettre dos à dos les crimes de l'armée coloniale et les (supposées) violences du FLN », en mettant en avant la notion religieuse de la repentance, qui ne serait à l'heure actuelle d'aucune utilité.