L'ambiance ne fut pas ronronnante. Des députés du FLN avaient chahuté Lakhdar Benkhelaf du FJD qui avait remis en cause la légitimité de l'APN. Son président, Larbi Ould Khelifa, a aussitôt demandé à l'assistance de respecter les avis des un et des autres. « Nous sommes dans une démocratie. Chacun a le droit d'exprimer ses positions », a-t-il martelé. La majorité s'est concentrée sur des constats ayant trait aux maux sociaux qui minent l'Etat ou la société en proposant des solutions. Les députés du FFS, de retour à l'APN, après une longue absence, ont souvent réitérer les positions de principe du parti, notamment en matière de droits de l'Homme ou de mise en place d'une Assemblée constituante. L'Alliance de l'Algérie verte (AAV) a vu son groupe parlementaire voler en éclats. Les députés, qui ont rejoint le parti TAJ, ont soutenu le plan du gouvernement, contrairement à leurs anciens collègues demeurés fidèles aux trois partis qui ont été très critiques. « Il faut tout faire précéder par la révision de la Constitution sous peine d'obérer davantage la crédibilité de l'assemblée », dira M. Naamane Laouar, chef du groupe parlementaire. Une compagnie aérienne low-cost Les interventions ont porté sur des sujets très divers, mais l'émigration a été très présente. Mme Chafia Mentelechta de l'UFDS, députée représentant la communauté algérienne en France, a ainsi demandé d'ouvrir l'investissement en Algérie aux émigrés sans l'imposition de la règle 51/49. Elle exige de tout investisseur étranger d'entrer en partenariat avec un ou plusieurs investisseurs locaux, à condition que la part du capital détenue par ces derniers soit égale ou supérieure à 51%. « C'est une injustice de considérer les expatriés comme des étrangers », clamera-t-elle. Le député Djamel Bouras (FLN), élu à Marseille, a conforté cette proposition. « Notre communauté possède des compétences techniques et des capacités financières bénéfiques pour l'Algérie. Il faut lui permettre de détenir la propriété totale de ses investissements dans le pays », a-t-il soutenu. Le même député a proposé de relever le plafond des exonérations douanières au profit des émigrés qui rentrent définitivement au pays. Il a, par ailleurs, déploré les tarifs du transport aérien pour la liaison Paris-Alger qu'il juge trop élevés en suggérant la création d'une compagnie aérienne publique-privée de type low-cost qui couvrirait la liaison à des tarifs inférieurs à 250 euros. L'ouverture à l'étranger de succursales de banques algériennes pour permettre de capter l'épargne des émigrés et la prise en charge du rapatriement des corps des Algériens décédés à l'étranger ont été également préconisés par le député du FLN, Samir Chaabna. Un député RND, Amira Slim, de la circonscription Maghreb, dira de son côté que « les moyens des consulats qui ne s'occupent que de la délivrance des documents devraient être renforcés pour une meilleure prise en charge des émigrés et de leurs enfants qui devraient trouver place dans le système de formation professionnelle algérien ». Haro sur la corruption La lutte contre la corruption, la réforme du système de la santé, l'éducation nationale, la prise en charge des aspirations de la jeunesse et la situation des handicapés furent largement abordées. Mansour Abdelaziz, du Front du changement, a affirmé que « le phénomène de la corruption sous toutes ses formes gangrène l'Algérie et aggrave le désespoir des jeunes ». Pour lui, « les souffrances de la jeunesse algérienne sont la conséquence de ce fléau ». Abderafie Belhadj, de l'Alliance verte, a plaidé pour « un Etat de droit où la justice est indépendante ». A propos des handicapés, Nacéra Boufelfel du RND a jugé nécessaire la création d'espaces multidisciplinaires pour répondre à leurs besoins spécifiques et l'adoption d'un décret exécutif sur une meilleure rémunération et aides à domicile. Abordant le secteur de la santé, Nadia Chouitem du PT déplore « l'absence » de contrôle de la part des pouvoirs publics en matière d'importation de médicaments, un créneau qui est, a-t-elle dit, entre les mains d'un lobby. Le député du FFS, Abdelhamid Abbès a regretté la « mauvaise » prise en charge des malades dans les établissements de santé publique, en dépit de l'amélioration de la situation socioéconomique des personnels de la santé. Mme Nora Mahiout de la même formation politique a exigé un bilan du précédent gouvernement. Abondant dans le même sens, Sabira Fatmi du FFS a appelé à « des réformes crédibles et à un Etat de droit où la culture du dialogue prendrait la place de la violence ». Chafaa Bouaiche du même groupe a, quant à lui, qualifié de précaires les conditions socio-professionnelles des journalistes. La réponse du Premier ministre aux interventions des députés et le vote du plan d'action du gouvernement sont prévus le lundi 1er octobre dans l'après-midi. Selon le calendrier modifié des travaux de la session publié par le bureau de l'APN, la séance de demain matin sera consacrée au débat général et celle de l'après-midi aux interventions des présidents des groupes parlementaires.