Le jardin qui était une fierté pour les habitants de Bab El Oued est devenu un dépotoir faisant la joie des chats et chiens errants. Il s'agit du jardin Rachid-Kouache implanté au cœur de la commune où une stèle commémorative est érigée à la mémoire des citoyens ayant trouvé la mort lors des inondations du 10 novembre 2001. Bordé de palmiers et d'hibiscus, il offre aux riverains un havre de paix et de détente. Malheureusement, ce joyau de verdure est devenu un marché informel jouxtant la mosquée. Les fidèles attendent sur les bancs, à l'ombre et sous la fraîcheur des arbres, l'heure de la prière. Depuis un certain temps, beaucoup de vieux ont investi cet espace pour étendre leur bric à brac. Sur un carton posé à même le sol, on y trouve de tout : de la simple branche à lunettes, des lampes à vis ou à douilles, des cordes, des carcasses de portables, des chargeurs de portables usagés, des éléments de salle de bain abîmés... L'un d'eux, Ali, les cheveux blancs, dira : « Je ne viens pas ici pour gagner de l'argent même si c'est mon premier objectif, mais c'est surtout pour rencontrer mes vieux amis ». Un autre, Moussa, expose des outils de jardinage usagés. « C'est pour m'occuper et arrondir mes fins de mois ». Il ajoutera que sa maigre pension lui suffit à peine à payer les charges locatives. Un acheteur rencontré sur les lieux confie qu'il vient de temps en temps dans ce « marché » pour dénicher l'objet rare. Hier, il a cherché un flip-flap pour son lavabo. Il était content de le trouver après avoir fait le tour des drogueries. A midi, les revendeurs plient bagage laissant derrière eux des tas d'immondices. Papier d'emballage, bouteilles en plastique vides, mégots... Le jardin est devenu hideux. Le SG de l'APC de Bab-El-Oued s'en lave les mains « Normalement, les citoyens et les riverains doivent respecter la stèle érigée à la mémoire de ceux qui ont trouvé la mort lors des inondations, malheureusement l'APC ne gère pas ce parc », a-t-il confié. Cette mission échoit à l'Etablissement de développement des espaces verts d'Alger (Edeval), alors que la stèle est entretenue par l'Entreprise confort mobilier urbain (ECMU) qui relèvent toutes deux de la wilaya d'Alger. « Les ordures sont ramassées par Netcom alors que l'APC, avec les moyens d'Asrout, ne dégage que les gravats déposés aux environs du jardin. Ce sont autant d'Epic qui interviennent et aucune n'a le droit d'interdire l'accès aux revendeurs et aux acheteurs », a-t-il affirmé. « Seules les forces de l'ordre sont habilitées à intervenir sur injonction de leur responsable », a expliqué ce responsable. Entre-temps, le jardin, censé être une bouffée d'oxygène, continue d'être détourné de sa véritable vocation.