Mouvement 9h, le fameux quartier populaire de Laâqiba ne désemplit pas. Les uns vendent, les autres achètent. Le marché aux puces du fameux quartier bat son plein, même en cet après-midi froid et pluvieux. «Ici on trouve de tout, de la pièce détachée dernier cri à une machine à écrire des années 1950, en passant par les disques rares de Bagar Hedda et Aïssa El-Djermouni (les célèbres chanteurs chaouis)», dit ce sexagénaire habitué des lieux. Les gens qui fréquentent ce marché aux puces viennent d?un peu partout «à la recherche d?un vieux truc, parfois même ancien», explique le vieillard. Des jeunes, des vieillards, des Africains, des Egyptiens, des Chinois et même des Chinoises fréquentent ce célèbre marché aux puces. «C?est depuis peu d?années que ces étrangers ont commencé à fréquenter ces lieux, encouragés par l?affluence que le marché connaît tous les jours de la semaine par les personnes à faible revenu», explique un riverain. S?il y a quelque chose qu?on est certain de pouvoir acheter à un prix raisonnable dans ce marché, c?est le téléphone portable. En effet, depuis quelques années, le commerce de ces petites merveilles de la technologie de communication fleurit ici, au point que les vendeurs agréés de téléphones portables se plaignent sans cesse. «Ce n?est pas possible de faire un bon chiffre d?affaires avec la concurrence de ces revendeurs. Ils cassent vraiment les prix. Un portable vendu chez nous à 7 000 DA, on le trouve à côté entre 3 000 et 4 000 DA. Le client n?est pas quand même aveugle. Cette situation nous pénalise», explique un vendeur de mobiles. Ce n?est pas la qualité qui manque d?ailleurs à Laâqiba, puisqu?on y trouve toutes les marques et tous les modèles même les plus récents. Redouane est un spécialiste dans ce domaine. «Il suffit de lui commander la marchandise désirée et l?affaire sera conclue en? 24 heures. Il peut même vous procurer un portable toutes options, (caméra, Internet et photo ), c?est un génie ce type !», explique le propriétaire d?une boulangerie située près de ce marché. Redouane n?est pas là aujourd?hui. Mais comment fait-il pour satisfaire tout le monde ? «C?est simple, explique un riverain. Il gère un réseau de pickpockets bien organisé. Il exploite de jeunes délinquants (des voleurs en herbe) qui sont un peu partout à Belcourt. Il les couvre et les loge. Ces bandits, une fois décrite la marchandise commandée, guettent leurs victimes qui sont parfois repérées par le boss en personne et passent à l?acte. lls les détroussent et apportent la marchandise à Redouane. Mais parfois quand l?affaire est délicate, c?est lui en personne qui s?en charge. A Laâqiba, le vol est une pratique très courante.» «Ici il ne se passe pas une seule journée sans qu?on assiste à des vols, des agressions, des bagarres et des poursuites spectaculaires. Ici, stationner est déconseillé. Il suffit d?aller chercher son pain chez le boulanger du coin pour retrouver son autoradio disparu», raconte un vendeur de tabac à chiquer traditionnel (chemet el yed) et qui a pris position devant le portail de la stèle érigée à la mémoire des événements du 11-Décembre-1960. «Même si quelqu?un reconnaît un objet qui lui a été volé ici, il ferait mieux de le racheter sans insister et sans créer de problèmes, les victimes craignent que ces individus, qui revendent leurs biens, ne soient armés ou aient des complices dans les parages. Elles préfèrent alors aller chercher la police. Mais les bandits disparaissent en une fraction de seconde. Ils communiquent entre eux. Si la police ne se présente pas, et c?est souvent le cas, ils se téléphonent et le voleur revient tranquillement», explique le vendeur de chema. Des chaussures, souvent «piquées» dans les mosquées ou sur les balcons et même dans les magasins, terminent dans ce marché aux puces.