Le 3 octobre dernier, le républicain mitt Romney avait gagné son premier duel face à son rival démocrate en vue des élections présidentielles du 4 novembre prochain, augmentant sérieusement ses chances de succéder à Barak Obama à la Maison Blanche. Les deux candidats sont depuis au coude-à-coude dans les sondages. Bitt Romney s ́étant permis la grande performance de récupérer les quatre points de retard qu ́il accumulait sur le président Obama. Il s'est même permis le luxe de le devancer de quelques dixièmes de points à l ́image d ́une compétition entre deux athlètes sur le 100 mètres plat. La nuit dernière, le vice-président démocrate Joe Biden avait remis les pendules à l ́heure, faisant oublier la contre-performance de son président, en dominant son rival républicain au même poste, Paul Rayan. Dans ces débats et vraisemblablement aussi dans les autres qui opposeront Obama et Romney, les 16 et 22 octobre, les candidats seront jugés sur les réponses qu ́ils apporteront aux questions urgentes et prioritaires pour les Américains. Les républicains sont favorables à une guerre contre l'Iran, pour ne pas faillir à la tradition voulant que, depuis 1945, chaque président américain doit avoir sa guerre. Truman a fait celle de la Corée, Johnson celle du Vietnam, Nixon celle du Proche-Orient par Israël interposé, et les Bush en Irak et en Afghanistan. Le tout sans compter les frappes aériennes au Soudan et en Libye ou les interventions au sol en Amérique latine et en Iran durant l'affaire des otages américains. C'est, certes, rassurant d'entendre Joe Biden dire que la guerre sera la dernière chose que feront les Etats-Unis au Proche-Orient. On est moins rassuré, toutefois, quand il affirme que son pays ne laissera pas l'Iran avoir son arme nucléaire. Par la voie militaire bien-entendu ! Les conflits armés actuels, de l'Afghanistan à la crise syrienne et au programme nucléaire iranien, sont sur la table. Celui qui saura le mieux dominer le débat sur ces questions sera le vainqueur et ira, ou restera, à la Maison Blanche. La question est de savoir qui aura fait les frais de ces deux stratégies qui convergent vers un seul et même objectif : la consolidation de la force des Etats-Unis et la sécurité d'Israël. Donc, ni Obama, ni Romney, ni les Etats-Unis, ni Israël, mais, comme toujours, les Palestiniens, les « dindons de la farce ». La question de la création de l ́Etat palestinien a été absente de bout en bout de la campagne présidentielle américaine. Lorsque la crise du Proche-Orient est évoquée, par les deux camps démocrate ou républicain, c ́est pour rassurer Israël sur sa « sécurité » face à la « menace iranienne » et au « terrorisme » du Mouvement Hamas. Aussi, du point de vue des Etats-Unis, faire la guerre au Proche-Orient ou ne pas la faire, c'est selon, républicains et démocrate parlent, en réalité, le même langage. Cette guerre contre l'Iran, allié de la Syrie et du Hezbollah libanais qui vient d'annoncer l'envoi avec succès d'un drome au-dessus d'Israël, tout porte à croire qu'elle se fera, directement par Israël ou indirectement par les Etats-Unis. Les deux options militaires sont pareilles dans leur application. Dans cette série de duels surmédiatisés, aucun candidat américain n'aura fait la moindre promesse sur la relance du processus de paix au Moyen-Orient et de dire que le moment est, peut-être, venu, 65 ans après le partage scandaleux de la Palestine, de rendre justice aux Palestiniens. La seule « bonne réponse » à l'initiative du président Mahmoud Abbas, Barack Obama l'a déjà donnée sous les pressions du lobby sioniste Aipac : c'est l'usage du veto au projet que Mahmoud Abbas compte déposer après les élections américaines pour ne pas gêner le candidat Obama dont la position sur la Palestine est supposée meilleure que celle de son rival républicain. Or, la conjoncture dans la région telle qu ́elle a été activée sur fond de « Printemps arabe » et crise iranienne, laissera-t-elle la question palestinienne émerger dans le débat onusien comme une priorité de la communauté internationale ? La campagne électorale a déjà fixé les priorités de la diplomatie américaine pour les quatre années à venir, un agenda diplomatique dans lequel la création de l'Etat palestinien est reléguée au second plan.