Comme celui du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, en juillet dernier, suivi de ceux de Mmes Benguigi et Nicole Bricq, le séjour du ministre français de l'Intérieur, ponctué de nombreuses rencontres avec les responsables algériens dont M. Sellal, vise à préparer le terrain à la visite de François Hollande, prévue en décembre de cette année. En attendant ce rendez-vous majeur, la venue de M. Valls offre l'occasion de procéder à une évaluation de la coopération entre les ministères de l'Intérieur des deux pays dans des domaines sensibles. Elle permettra ainsi de faire le bilan de tout ce qui a été entrepris au niveau des échanges ou de la coopération entre les services de la police et de la gendarmerie ou de la Protection civile, liés par des accords signés en 2003. Les échanges dans le cadre de la formation du personnel des collectivités locales, de même que la sécurité et la formation relevant des services de la police seront également au menu des discussions. Le ministre français est, d'ailleurs, accompagné d'une importante délégation comprenant, notamment, le DG de la Gendarmerie nationale française, qui relève du ministère de l'Intérieur, le général d'armée, Jacques Signaux, et le DG de la sécurité civile et de la gestion des crises, Jean-Paul Kihl. DIVERGENCES A APLANIR Les sujets entre les responsables des deux pays ne manquent pas. Qu'ils s'agissent de la concertation sur les moyens de contrer la menace terroriste ou les moyens de réguler la circulation des personnes entre les deux pays, l'Algérie et la France partagent les mêmes analyses et objectifs. A un confrère, le ministre de l'Intérieur français n'a pas manqué de mettre en évidence l'excellence de la coopération en matière de lutte antiterroriste. Ses propos sont clairs et ne souffrent aucune ambiguïté. « La France et l'Algérie savent travailler ensemble. La coopération est véritablement excellente. L'information circule, nos responsables se connaissent et leurs relations sont quotidiennes. Je veux saluer l'engagement sans faille des autorités algériennes. Elles peuvent compter sur mon propre soutien », dira-t-il. La gestion des questions de l'islam, devenue un sujet de débat et d'enjeux internes en France, sera également abordée. L'Algérie, à travers son poids, est un partenaire incontournable dans tout débat sur la représentation de la communauté musulmane.Toutefois, des divergences subsistent, que les deux pays veulent régler dans le cadre d'un dialogue permanent. Elles concernent, surtout, l'accord bilatéral de 1968 qui régit l'établissement des ressortissants algériens en France. Des approches différentes sont apparues ces dernières années entre les deux parties. Les accords offrent une situation privilégiée aux Algériens, et que les autorités algériennes voudraient maintenir. La France, qui s'est ouverte davantage aux immigrations de l'Europe de l'Est, veut remettre en cause certaines dispositions. Un dialogue de sourds se poursuit depuis maintenant quatre ans sur ce dossier. D'autres questions, comme celle des déplacements illicites d'enfants de couples franco-algériens ou les contentieux autour des propriétés pour les Français restés ou ayant quitté l'Algérie après 1962, figurent également au menu des discussions. Enfin, M. Valls est très attendu sur la question récurrente des visas. Les officiels français mettent en avant le nombre de visas délivrés ces dernières années, qui a augmenté, certes, dans des proportions importantes. Ainsi, en 2010, 138 000 visas ont été délivrés. Ce chiffre est passé à 165 000 en 2011 et devrait augmenter durant l'année en cours. Plus de 80% des demandes de visa connaissent une issue favorable et le nombre de visas à entrées multiples, qui facilitent grandement la vie à leurs bénéficiaires, s'élève à près de 50 000, arguent-ils. Cela n'exclut pas des cas de refus injustifiés, que les autorités algériennes veulent ne plus voir se reproduire.