Alors qu'un couvre-feu leur est imposé depuis le 5 octobre 1961, une manifestation pacifique des Algériens a eu lieu dans les rues de Paris. Le 17 octobre, ils sont des dizaines de milliers de manifestants à se lancer dans une marche dans la capitale française. Ils seront vite réprimés dans le sang par les policiers mobilisés en grand nombre par le préfet de Paris, Maurice Papon. Au lendemain de la mobilisation, le bilan « officiel » fait état de deux morts algériens. Aucun mot sur les dizaines d'Algériens jetés à la Seine ni sur ces dix mille hommes interpellés, parqués comme du bétail pendant des jours et torturés dans les commissariats. Malgré les efforts de quelques parlementaires, le gouvernement français empêche la création d'une commission d'enquête et aucune des plaintes déposées n'aboutira. Si, à ce jour, il n'existe aucun chiffre exact de cette nuit d'horreur, les recherches d'historiens parlent de plusieurs centaines de morts. Cinquante-et-un ans plus tard, une lourde chape de silence complice et honteuse pèse encore sur cette répression tragique. Au théâtre et au cinéma Avec « Octobre à Paris », Jacques Panijel sera le premier à inaugurer au cinéma la longue liste de films et documentaires sur ces événements tragiques. D'autres cinéastes se relayeront autour de cette mémoire meurtrie, à l'image de Yasmina Addi : « Ici on noie les Algériens » ; Mehdi Lallaloui et Agnès Denis : « Le Silence du fleuve » ; Faïza Guène et Bernard Richard : « Mémoire du 17 Octobre 1961 » ; Daniel Kupferstein : « Dissimulation d'un massacre », Ali Akika : « Les Enfants d'octobre » ou encore Alain Tasma : « Nuit noire ». A travers leurs œuvres, ces auteurs lèvent le voile sur un massacre et des violences couverts par les plus hautes autorités de la République française de l'époque. Ailleurs que le cinéma, d'autres choisiront l'expression corporelle pour dire les douleurs et montrer les blessures. C'est le cas de No Mad. Les six danseurs de la compagnie ont monté en 2011 une chorégraphie intitulée Disparus. Ancrée dans l'histoire, cette performance artistique donne à voir les événements d'octobre 1961. Un spectacle pour réactiver la mémoire. Au théâtre, des œuvres témoignent également de cette date historique. C'est le cas de « C'était un 17 octobre », une lecture à quatre voix à partir du texte théâtral de Marie-Christine Prati-Belmokhtar, paru chez Marsa Editions, ou encore « De La Pomme et le Couteau », pièce de Aziz Chouaki d'après les textes de Abdelmalek Sayad et Jean-Luc Einaudi, mise en scène par Adel Hakim. Ces deux pièces ont été présentées par le Collectif 17-Octobre en 2011, dans le cadre de la commémoration du 50e anniversaire de ce tragique massacre Un film témoignage Tourné quelques semaines après ces massacres, sous les auspices de deux associations militantes, le Comité Audin et Vérité Liberté, « Octobre à Paris », long métrage documentaire de 70 mn réalisé par Jacques Panijel, réunit de nombreux témoignages et comporte un certain nombre de scènes reconstituées avec le concours de militants de la Fédération du FLN de France. Le film comprend des images accablantes de la répression policière. Interdit en France, il n'a reçu son visa d'exploitation qu'en 1973 à la suite d'une grève de la faim de quelques personnes, dont le cinéaste René Vautier.