PARIS - Les massacres des Algériens lors de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 à Paris constitueront le temps fort de la 11e édition des Maghreb des films (16-25 octobre) qui a retenu douze films, dont des productions inédites, pour marquer le cinquantenaire de ces tragiques évènements. Le clou de ces rencontres cinématographiques sera sans doute la sortie en salle le 19 octobre (Forum des images) du film "Octobre à Paris" de Jacques Panijel, un premier documentaire (70') sur les crimes policiers perpétrés censuré dès sa sortie en 1962 et son réalisateur menacé de poursuite. Dans son œuvre, tournée quelques semaines après les tragiques évènements, Panijel est le premier à alerter l'opinion sur la tuerie qui vient de se produire au cœur de la capitale française. Dans la préface du film "A propos d'Octobre", réalisé par le président de l'association "Au nom de la mémoire", Mehdi Lallaloui, des témoignages de l'historien Jean-Luc Einaudi et Gilles Manceron et du journaliste Daniel Mermet, situent le contexte qu'"Octobre à Paris" n'avait pu présenter. Dans son témoignage, le réalisateur René Vautier souligne le "mérite inédit" de l'œuvre de Panijel. "C'est grâce à cette œuvre et à la mobilisation qu'il a suscité pour sa diffusion, autour du comité Maurice-Audin, que la censure institutionnelle a été levée sur le cinéma en France", a-t-il affirmé. Maghreb des films projettera également le dernier film de Yasmina Addi "Ici, on noie les Algériens". A partir de témoignages et d'archives inédites, le film (90') retrace les différentes étapes de ces évènements et relève la stratégie et les méthodes mises en place au plus haut niveau de l'Etat : manipulation de l'opinion publique, récusation systématique de toutes les accusations, verrouillage de l'information afin d'empêcher les enquêtes. Dans une note d'intention, la réalisatrice dont le produit sortira en salle le 19 octobre, relève que son but n'est pas de réaliser un documentaire historique classique, mais de faire un film pour que "la vérité remplace les non-dits et souligner la dimension humaine de cet épisode trop longtemps tu". D'autres films diffusés auparavant figurent également au programme du Maghreb des films parmi lesquels "Témoignages d'octobre" de Sébastien Pascot, sorti en 2002 (11'). Le réalisateur revient toutefois avec une version plus étoffée, dont l'avant-première a été présentée vendredi soir au siège du consulat d'Algérie à Bobigny. Lors d'un débat qui a suivi la projection de son film, le jeune réalisateur a indiqué que la commémoration du cinquantenaire des massacres d'octobre 1961 "n'est pas un moyen de promotion pour les individus, mais le moyen d'ouvrir la porte sur la vérité pour espérer que les personnes qui ont vécu, de près ou de loin ces évènements (acteurs, manifestants) et le jeune public soient au fait de ce qui s'est passé en ce jour mémorable". La quasi-totalité des films sur les massacres du 17 octobre 1961 seront projetés tant à Paris (Cinéma 3 Luxembourg), en banlieue et en Province (Gennevilliers, Pantin, Saint-Ouen, Lyon, Besançon, Lille) ainsi qu'à Genève (Suisse). Selon le président du festival, Miloud Mimoune, il était "évidement" pour cette édition 2011 d'entrer en rapport avec l'association "Au nom de la mémoire" pour établir un partenariat et donner un maximum de visibilité sur les films qui traitent des massacres des Algériens à Paris. "Non seulement les films seront diffusés dans leur intégralité, mais que ce soit au fort Luxembourg, à Paris, mais aussi dans des salles de provinces, ils seront accompagnés de débats avec, entre autres animateurs, l'historien Gilles Manceron", a-t-il indiqué à l'APS.