« Il s'agit d'un guet-apens tendu par ses copains », a annoncé jeudi à Tizi Ouzou le chef de la compagnie de la gendarmerie de Tigzirt, le commandant Younès Bouzekri, dans un point de presse. Les ravisseurs n'étaient pas des terroristes, comme cela a été avancé depuis son kidnapping. Les trois assassins sont ses proches amis. Le mobile de ce crime reste inconnu. L'enquête est toujours en cours pour en déterminer les causes. Selon l'officier supérieur, le meurtre a été élucidé en 48 heures grâce à la mobilisation des brigades techniques. Les investigations entreprises ont abouti à l'identification d'un suspect. Ce dernier a été arrêté au niveau de la station-service au centre-ville d'Azzefoun. Il s'agit d'un jeune de la région âgé de 19 ans. « L'analyse du listing des communications de la victime à partir de son téléphone portable a permis de localiser un des suspects au niveau de Boulimat dans la wilaya de Béjaia. Le mis en cause a utilisé la puce de la victime », précise le commandant. Le premier suspect a fini par indiquer aux enquêteurs l'endroit où a été enterrée la victime. « Le jeune a été assassiné le jour même de son enlèvement. Il a été assommé avant d'être étranglé par une corde pour s'assurer de sa mort. Les auteurs l'ont, ensuite, enveloppé dans un grand sac en plastique noir. Il a été transporté jusqu'à la plage d'Aït Chafaâ (Idjerman) à 20 km à l'est de la ville d'Azzefoun puis enterré », indique le commandant Bouzekri. Son véhicule a été abandonné du côté du village de Chorfa à 6 km d'Azzefoun. Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs ont pu mettre la main sur le deuxième suspect, au centre-ville d'Azeffoun, âgé de 21 ans, lui aussi ami de la victime. Le troisième mis en cause a été interpellé dans l'après-midi du vendredi, à l'entrée de son domicle, au village d'Ighil M'hand. Enfin le quatrième suspect, âgé de 33 ans, a été arrêté dans l'après midi d'hier au village koudia. Il pourrait être poursuivi pour non dénonciation d'enlèvement. Les trois assassins présumés ont reconnu les faits et ont avoué qu'ils ont appelé la victime le jour des faits (le 17 octobre) vers 17h pour l'inviter à les rejoindre dans une villa en construction où ils avaient l'habitude de se rencontrer. Effectivement, Ghilès Hadjou s'est déplacé de son village Mellata à bord de son véhicule de marque Peugeot. Arrivé sur les lieux, il sera surpris à l'intérieur par ses agresseurs qui l'ont étranglé. Les enquêteurs sont actuellement sur les traces d'un autre suspect, pour non-dénonciation de crime. Interrogé sur le mobile de cet homicide, le responsable de la gendarmerie a refusé de le dévoiler en affirmant que l'enquête est toujours en cours. « Les mis en cause ont reconnu leur crime suite à un différend avec la victime, un fils d'une famille aisée, mais on ne peut pas avancer une thèse jusqu'à la clôture de l'enquête ». Néanmoins, l'officier supérieur a tenu à préciser qu'il ne s'agit nullement d'un « crime d'honneur » s'appuyant également sur le rapport du médecin légiste suite à l'autopsie du cadavre qui n'a relevé aucune trace d'agression sexuelle. Les assassins n'ont pas participé aux recherches Bien qu'ils soient ses amis proches, les assassins présumés n'ont pas assisté à la mobilisation citoyenne pour revendiquer sa libération. Il est à rappeler qu'une cellule de crise a été mise en place au lendemain de son enlèvement par les villageois de Mellata qui soupçonnaient des groupes terroristes d'être derrière la disparition d'Aghilès. Les villageois ont même mené une vaste opération de ratissage dans une cinquantaine de villages. Le corps de la victime a été découvert la veille d'une réunion prévue par le comité du village. Aghilès Hadjou a fait l'objet d'une tentative de kidnapping en 2005 par un groupe terroriste mais il a réussi à s'échapper. La ministre de la Solidarité : « Un crime barbare » La victime a été inhumée jeudi dans son village natal en présence de la ministre de la Solidarité nationale et de la Famille, Souad Bendjaballah, du wali de Tizi Ouzou, des autorités civiles et militaires ainsi que d'un grand nombre de villageois. La ministre avait condamné ce crime le qualifiant de « barbare ». Elle a tenu à présenter à la famille du défunt « des condoléances officielles ».