C'est dans ce climat de confiance et de crédibilité retrouvées, amorcé par le refus du chantage marocain, que la tournée maghrébine et européenne de l'émissaire onusien, Christopher Ross, a réussi le dégel et le recentrage d'un processus de négociations, cumulant près de 9 rounds infructueux. Sorti renforcé du bras de fer imposé par le Maroc, consentant en définitive à la visite contestée d'El Ayoune, l'envoyé spécial de Ban Ki-moon a contribué efficacement à replacer la question sahraouie de décolonisation dans son cadre onusien naturel, en rompant le black-out sur la réalité dramatique d'un peuple maintenu dans la « grande prison » à ciel ouvert des territoires occupés ou forcé à la dure condition de l'exil dans les camps de réfugiés. D'El Ayoune à Tifariti, en passant par Boujdour, Ross est confronté à la réalité du terrain qui impose la légitimité du combat pacifique d'un peuple privé de ses droits les plus élémentaires. Tout au long de son périple dans les territoires sahraouis occupés ou libérés, des manifestations pacifiques ont tourné au matraquage en règle à El Ayoune, Dakhla, Smara. Dans le chapitre des droits de l'Homme, le consensus le plus large est désormais établi sur la violation systématique et le recours aux pires sévices par le Maroc unanimement condamné par les différentes organisations humanitaires dans le monde. L'avancée est réelle. Pour le coordinateur à la Minurso, le changement de la position de la communauté internationale et de l'ONU a permis, pour la première fois depuis plus de 20 ans, l'entrée des Sahraouis au siège de la Minurso au Sahara Occidental. Il se veut donc optimiste sur une plus grande ouverture du territoire sahraoui aux diplomates, aux médias et aux ONG pour garantir une meilleure appréciation de la situation. Toutefois, le large tour d'horizon qui a regroupé l'émissaire onusien avec les responsables politiques, la société civile et les composantes de la société reflète la volonté de paix et de liberté du peuple sahraoui réaffirmée par le président de la République, SG du Polisario, Mohamed Abdelaziz. En recevant, hier, l'envoyé personnel du SG de l'ONU, Christopher Ross, le président sahraoui a rappelé son attachement à la solution référendaire, conformément aux dispositions pertinentes du droit international et aux décisions du Conseil de sécurité qui « appellent à une solution permettant au peuple sahraoui de choisir librement son futur à travers un référendum d'autodétermination sous les auspices de l'ONU ». Un long réquisitoire a été dressé contre les « pratiques inhumaines » exercées contre les citoyens sans défense coupables de manifester pacifiquement en violation flagrante contre le droit à la liberté d'expression, de circulation et d'association. Il a revendiqué, tout naturellement l'élargissement des prérogatives de la Minurso pour la surveillance des droits de l'Homme, la cessation du pillage des ressources qui demeurent sous la responsabilité de l'ONU et la libération des prisonniers politiques croulant, sans jugement, dans les geôles marocaines. Aux yeux de Ross, les retrouvailles ont le mérite de renouer le fil des négociations menacées, depuis 5 longues années, par un enlisement et une évaluation exhaustive de la situation. « Je veux apporter ma contribution pour une solution au conflit qui mette fin aux souffrances des familles séparées depuis plus de 37 ans, permette l'intégration des pays du Maghreb et renforce la sécurité et la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel », a-t-il affirmé dans un communiqué. L'espoir de paix renaît. Si la « contribution précieuse » des Sahraouis a été relevée par l'émissaire onusien, la forte conviction de « faire en sorte que le processus aille de l'avant dans un proche avenir » imprègne la démarche de Ross. De Nouakchott, le message empreint d'optimisme indique que le temps des tergiversations et des équivoques est bien loin. « Ma visite a pour but de faciliter les négociations directes entre les deux parties (Maroc et Polisario) afin de parvenir à une solution juste, durable et consensuelle du conflit au Sahara Occidental, une solution qui prévoit l'autodétermination du peuple sahraoui », a affirmé Christopher Ross, à l'issue d'une audience accordée par le Premier ministre, Moulay Ould Ahmed Laghdaf.