Cinq membres du gouvernement, le gouverneur de la Banque d'Algérie, la direction nationale de l'UGTA, les organisations patronales, l'Union des entrepreneurs publics, des gestionnaires d'entreprises publiques et des associations de la société civile ont pris part à cette rencontre. Dans la salle, Ali Haddad, le patron de l'ETRHB, côtoyait Amor Ben Amor, et le DG de Cosider était à deux pas du représentant du Conseil national économique et social (CNES). Il ne s'agissait pas à proprement parler d'une tripartite, c'était davantage une occasion d'écouter les acteurs de la relance économique, « de se parler » pour reprendre l'expression de M. Sellal. Une relance, ont tenu à rappeler les intervenants, qui passe par l'entreprise où se créent la richesse et l'emploi. « Il faut mettre en place un climat des affaires, faciliter et simplifier l'acte d'investir car nous avons les moyens et l'argent qui, bien utilisé, peut nous permettre de dépasser le taux de croissance de 2,5% et atteindre une croissance à deux chiffres », a estimé le Premier ministre. Il a aussi plaidé pour « une vision rénovée de notre approche économique, un rétablissement de la confiance ». Pour M. Sellal, la problématique de l'économie algérienne « réside dans le cadre microéconomique, c'est-à-dire au niveau de l'entreprise », qui devrait être la créatrice de la richesse et de l'emploi. Reste qu'il s'est engagé à œuvrer afin de créer « les conditions et le climat des affaires nécessaires pour que l'entreprise se développe et arrive elle-même à chasser l'informel... ». La Banque d'Algérie sommée d'élaborer un nouveau règlement A ce propos, il a appelé les responsables des différents secteurs économiques, notamment les banques, à alléger les procédures de l'acte d'investir. « Faites des efforts supplémentaires pour faciliter le climat des affaires », a-t-il lancé à l'adresse des responsables présents à cette rencontre. Il a appelé les gestionnaires et opérateurs économiques à profiter de l'épargne considérable qui se trouve au niveau des banques « afin de passer à la vitesse supérieure ». « Dites où ça cale pour qu'on puisse rétablir les choses rapidement », a-t-il dit à l'assistance en termes très clairs. Et dans un souci d'améliorer la fluidité de la gestion bancaire, M. Sellal a annoncé que la Banque d'Algérie (BA) devrait élaborer « immédiatement » un nouveau règlement. A cet effet, la BA, l'Abef et les banques de la place sont chargées de proposer, mais surtout de mettre en œuvre immédiatement des facilitations en termes d'octroi de crédits et de gestion bancaire quotidienne, explique le Premier ministre. Evoquant la règle 51-49% pour ce qui est des investissements directs étrangers (IDE), il a estimé que « c'est un faux débat ». « Le partenariat avec les étrangers n'a jamais pâti de la règle 51-49 », a-t-il affirmé. Le constat Le paradoxe est là. Sur le plan macroéconomique, comme l'ont souligné notamment M. Djoudi, ministre des Finances, et le gouverneur de la Banque d'Algérie, Laksaci, les indicateurs sont au vert. L'un et l'autre ont évoqué notamment le taux d'inflation qui a atteint 9,39% en 2012 à cause des tensions sur les produits agricoles et des répercussions des augmentations salariales. M. Hamiani a mis en garde contre un retour de l'inflation. Les prévisions des organismes internationaux, rassure le ministre des Finances, qui a détaillé les mesures d'aide et d'allégement fiscales prises en faveur de l'entreprise ces dernières années, situent le niveau de l'inflation à 5%. Il a présenté par ailleurs les principales caractéristiques de l'économie algérienne, notamment la consolidation du fonds de régulation des recettes et la maîtrise de la dette interne. « Les crédits d'investissements aux entreprises ont augmenté de 21,6% pour les neufs mois de 2012 », a précisé Karim Djoudi. A un niveau microéconomique par contre, les lourdeurs bureaucratiques entravent le décollage. Un nouveau rythme doit être imprimé à l'action des entreprises pour permettre « la réalisation et la mise en œuvre du programme du président de la République », a estimé M. Sellal. « La stabilité politique a été rétablie dans le pays, mais il ne faut pas que nous soyons piégés par la régression inféconde de la bureaucratie », note-t-il. Un souci partagé Les uns et les autres ont présenté des propositions à l'instar du SG de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui a évoqué une quinzaine de propositions, notamment le rétablissement du crédit à la consommation pour les produits nationaux. Il a préconisé également d'instaurer une TVA sur les produits importés et la relance des coopératives de consommation. Le patronat, par la voix de MM. Hamiani, Mrakchi, Naït Abdelaziz, partage ce « patriotisme économique ». Si on diverge sur les grilles d'analyses, notamment l'ouverture dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne et les modes opératoires comme la mise à niveau des entreprises, la gestion de la monnaie ou la lutte contre l'informel, la défense de la production nationale est un souci partagé. « Nous sommes solidaires de cette volonté d'améliorer la situation », a clamé M. Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise, organisation qui enregistre le retour en son sein des entreprises publiques. La satisfaction quant à la politique de concertation et de dialogue adoptée par la nouvelle équipe gouvernementale a été saluée par le patronat. « Nous avons tenu une série de réunions avec le Gouvernement et nous avons senti un tournant qualitatif en matière de dialogue. L'équipe actuelle s'intéresse à tous les détails relatifs à la relance industrielle, et nous ne pouvons que nous en réjouir », a expliqué Habib Yousfi. Chacun est venu avec des propositions en matière de modernisation de la Bourse d'Alger, des modes de paiement, de formation notamment dans le bâtiment. Dans ce secteur, Abdelmadjid Tebboune, ministre de l'Habitat, indiquera : « Nous avons fait appel à des moyens extérieurs car nos moyens sont limités et ne sont pas à la hauteur de nos ambitions ». « Nous allons rentrer dans l'industrie du bâtiment et privilégier la formation de nos jeunes », a-t-il ajouté. Il a enfin fait état des mesures d'assouplissement en matière de classification des entreprises, des règles d'urbanisme. M. Sellal, qui a affiché sa volonté d'inaugurer une nouvelle ère, semble décidé à faire de l'année prochaine celle du pacte de croissance. Une manière de traduire concrètement le pacte social paraphé en octobre 2006.