« Nous avons fait un travail en direction de tous nos partenaires pour informer de la position de l'Algérie, pour expliquer la complexité du problème et, aujourd'hui, nous sommes parvenus, et c'est un fait, à créer une certaine convergence de vues » sur la question du Mali, a déclaré M. Messahel. Qualifiant de « très complexe » la situation au Mali, il a expliqué que « parfois le manque de connaissance des véritables enjeux conduit à ce que les positions des uns et des autres peuvent apparaître comme fluctuantes ». Il a relevé, qu'au Mali, la menace du crime organisé et du terrorisme « est non seulement certaine mais elle concerne tout le monde ». S'agissant de la rébellion touareg, il a rappelé que cette rébellion est un problème malo-malien qui est « récurrent », citant celles qui ont eu lieu en 1963, en 1990, en 2006 puis en 2011. « Pour ce qui nous concerne, nous faisons la distinction. Tout ce qui est malo-malien doit être géré dans le cadre d'un dialogue politique, pacifique », a-t-il soutenu. A cet égard, M. Messahel a prôné « l'appropriation par les Maliens de leur destin », et précisé que les efforts de l'Algérie tendent à « créer les conditions favorables à une négociation réussie et crédible entre les Maliens eux-mêmes ». Il a indiqué que l'Algérie a œuvré pour parvenir à « découpler les groupes touareg porteurs de revendications politiques légitimes des groupes terroristes et autres liés au crime organisé », ajoutant que l'Algérie a travaillé avec ses partenaires « à aider à faire cette distinction et faire en sorte que le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) se démarque des positions indépendantistes et que Ansar Dine se démarque du terrorisme et du crime organisé ». « Dans ce domaine-là, il y a, incontestablement, une évolution puisque ces deux groupes vont vers le dialogue, un dialogue qui préserve l'unité nationale », a-t-il dit. Il est revenu sur la position de l'Algérie, qu'il a dit marquée par la « constance, la continuité et la cohérence », et « cadrée par des principes, des objectifs, une logique et un mode opératoire ». Il a expliqué que depuis le déclenchement de la crise au Mali, l'Algérie a œuvré pour faire valoir une sortie de crise qui « préserve l'intégrité territoriale du Mali (à), prenne en charge les revendications légitimes des populations du Nord dans le cadre d'un dialogue entre les Maliens » et assure « la poursuite de la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé ». S'agissant de l'intervention armée, M. Messahel a indiqué qu'elle constitue « un recours ultime après l'épuisement de toutes les voies du dialogue ». A ce sujet, il a précisé que « toute intervention armée doit être conduite avec une définition rigoureuse des objectifs recherchés, des cibles ennemies, des moyens requis, des règles d'engagement, et naturellement des coûts, pour qu'elle soit entourée des chances de succès », et qu'en tout état de cause, elle doit cibler les véritables menaces que sont le terrorisme et le crime transnational organisé. M. Messahel a, par ailleurs, précisé que « l'intervention militaire de l'Algérie n'est pas à l'ordre du jour », rappelant, toutefois, que l'Algérie n'a pas attendu pour accompagner le Mali, notamment dans sa lutte contre le terrorisme, « en sécurisant les frontières, en participant à la sécurisation des institutions et établissements à Bamako, en renforçant les capacités de l'armée malienne, en partageant le renseignement et en fournissant des équipements en fonction de nos moyens ». « Voilà la logique de notre contribution à la lutte contre le terrorisme. Ceci procède d'engagements bilatéraux et de mise en œuvre des résolutions 2056 et 2071 du Conseil de sécurité de l'ONU », a-t-il soutenu. Interrogé sur l'issue finale attendue dans la gestion de cette crise, M. Messahel a indiqué que « la seule victoire pour l'Algérie, le Mali, la région et la communauté internationale, est de voir le Mali uni dans ses frontières, débarrassé des fléaux du terrorisme et du crime transnational organisé et où les Maliens exercent pleinement leur citoyenneté ». Evoquant la contribution de l'Algérie, il a noté qu'au-delà des efforts menés au plan diplomatique, l'Algérie aide le Mali et les pays voisins sur le plan humanitaire, où ont été acheminées 5.800 tonnes d'aide, ainsi que dans la formation, le renforcement des capacités, l'équipement et l'échange du renseignement. Abordant la stratégie des Nations unies envisagée pour le Sahel, il a relevé que « l'Algérie est prête à contribuer à son élaboration et à sa mise en œuvre, d'autant plus qu'elle s'inscrit dans la même logique et procède du même esprit que la conférence d'Alger de haut niveau sur le partenariat, la sécurité et le développement (septembre 2011) », qui a tracé les grandes lignes du partenariat en faveur de la sécurité et du développement de la région du Sahel. A propos des diplomates algériens otages du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), M. Messahel a affirmé que « le sort des otages algériens demeure au centre de nos préoccupations et mobilise les appareils de l'Etat en permanence », ajoutant qu'il ne pouvait en dire plus « pour des impératifs de discrétion ».