Depuis l'attaque israélienne contre la flottille humanitaire, les relations entre la Turquie et l'Etat hébreu ne sont pas au beau fixe. Et devant le rejet de ce dernier d'une commission internationale pour enquêter sur ce qui s'est passé dans les eaux internationales, le gouvernement d'Erdogan a décidé de geler toute relation avec Israël, dans tous les domaines. C'est ce qu'a indiqué hier l'ambassadeur de la Turquie, Ahmet Neçati Bigali en Algérie, au forum Echaab. «L'attaque de l'Etat hébreu contre la flottille est un acte terroriste. Mais c'est aussi un acte de guerre. Pour commencer, nous voulons saisir le droit international contre Israël. Nous exigeons avant tout qu'une commission indépendante enquêtant sur l'agression israélienne soit créée regroupant des experts internationaux dont un expert turc», dit-il en démentant la rumeur selon laquelle un haut responsable turc serait en visite prochainement en Israël. «Il est vrai que nous sommes entrés en contact avec Israël pour la récupération de quatre avions dans le cadre d'un contrat purement commercial signé il y a plus de 6 ans mais je n'ai pas entendu parler d'une visite prochaine d'un haut responsable turc en Israël», assure-t-il. Par ailleurs, l'ambassadeur fait part de l'intention de la Turquie de poursuivre ses efforts pour instaurer la paix au Proche-Orient. «La paix dans la région passera par celle de la Palestine. Nous continuerons à jouer notre rôle de médiateur pour permettre à cette région de progresser, et à briser le blocus imposé à Ghaza », souligne-t-il. Ce rôle de médiateur, estime dans son intervention le chargé de la communication du MSP, Mohamed Djoumaa, est une stratégie que le gouvernement turc a adoptée depuis 2002, à l'arrivée au pouvoir du parti de la justice et du développement (islamiste), pour se rapprocher du monde arabe. «A un moment de son histoire, la Turquie s'est détournée de l'Orient pour se rapprocher de l'Occident. Mais depuis 2002, la Turquie change de stratégie. Elle commence par régler ses problèmes avec ses voisins, la Syrie et l'Arménie notamment, l'Irak, l'Iran, … puis, contribue à régler les conflits entre ses voisins, avant d'aller à la rencontre du Maghreb. Elle a commencé par supprimer le visa entre elle et la Syrie et maintenant, elle espère faire de même avec l'Algérie», explique-t-il. De son côté, Bachir Msidfa, expert en économie, revient sur les capacités d'investissement de ce pays, dont l'économie est classée 15e dans le monde. «Selon des prévisions, la Turquie sera 9e en 2017. Les Arabes ont tout à gagner avec ce pays qui enregistre 80 milliards de dollars d'investissements étrangers directs», souligne-t-il en déplorant toutefois que les relations entre les pays arabes et la Turquie ne soient pas plus développées à cause de la présence d'Israël dans la région ainsi qu'à cause des rapports diplomatiques et économiques entretenus entre la Turquie et l'Etat hébreu. Concernant l'adhésion de la Turque à l'UE, l'ambassadeur affirme que «seul le temps nous dira si l'Europe tiendra ses promesses. On verra si l'Europe acceptera d'évoluer dans un système de multiculturalité ou si elle choisira d'être «un club chrétien». Mais nous savons déjà que l'UE a failli dans ses engagements internationaux, en permettant notamment à Israël d'enfreindre les lois et les droits internationaux», conclut-il.