Au cours de la dernière rencontre avec le patronat, Abdelmalek Sellal a fait un constat implacable du retard par l'Algérie dans la création de PME, un secteur créateur d ́emplois et de richesse renouvelable. Il a cité le chiffre, à son avis dérisoire, de 700.000 PME dans un marché qui aurait pu en compter, au moins, trois fois plus. Pourtant, l ́Etat a injecté, coup sur coup, 145 milliards d ́euros en 2005 et le double de 2010 à l ́horizon 2014. Il a assoupli les formalités administratives aux fins d ́investissements directs tout en ouvrant le crédit à la micro-entreprise et la PME. Malgré ces louables mesures, et alors que le bâtiment et les infrastructures de base sont en plein essor, l ́investissement direct n ́a pas suivi. L ́investissement créateur d ́emplois n ́a pas suivi pendant que la part des exportations hors hydrocarbures avoisine à peine les deux milliards d ́euros. C ́est, certes, encourageant mais encore insuffisant. Le gouvernement, le patronat et l'UGTA sont d ́accord sur ce constat global et sur les mesures à engager sans délai pour des objectifs de croissance fixés, que seules les PME sont en mesure d ́atteindre. Après avoir identifié l ́ensemble les causes qui ont découragé l ́investisseur national, le gouvernement s ́est engagé, plus que jamais, à protéger et à encourager la production nationale qui est doublement pénalisée. Son premier objectif immédiat est de rétablir la confiance des investisseurs à un moment où le produit algérien subit une concurrence déloyale. C ́est le fait des agents du secteur « import-import », le créneau des spéculateurs, qui ne participent ni à l ́effort de développement ni à la richesse nationale, gagnant beaucoup d ́argent qu ́ils placent dans des comptes à l ́étranger, ne créant pas d ́emplois, et ne payant pas d ́impôts en échappant, par des moyens frauduleux, au fisc. Voilà, en résumé, le centre des préoccupations auxquelles va s ́attaquer en priorité le gouvernement Sellal. Les investisseurs algériens, publics et privés, ont de bonnes raisons de se plaindre de la concurrence du produit étranger et, plus grave encore, de la contrefaçon. A titre d ́exemple, voilà quelques années, BCR figurait parmi les rares entreprises nationales qui avaient le mieux réussi leur assainissement financier et pu, après des efforts méritoires de bonne gestion, placer leurs produits sur les marchés étrangers. Aujourd ́hui, dans leur grande majorité, ces opérateurs économiques nationaux s ́emploient à lutter contre le phénomène de la contrefaçon pour pouvoir garder une part du marché national. Les plus motivés parmi les nouveaux investisseurs dans le secteur de la PME furent découragés, remisant ainsi à plus tard leurs projets. La promesse gouvernementale de protéger la production nationale est de nature à les rassurer. Le nombre de PME en Algérie pourrait doubler d ́ici à 2014. Le gouvernement ne devrait donc pas s ́embarrasser de renforcer, au besoin, le dispositif juridique et les mesures incitatives en faveur du capital privé et public algérien, et ce, à un moment où les économies les plus libérales sont en train de recourir, sans état d ́âme, à l ́interventionnisme d ́Etat pour obliger à consommer local. La confiance ! Voilà l ́argument que Sellal a choisi pour faire de la croissance tous azimuts. Une confiance que le Premier ministre a promise pour les hommes d ́affaires, publics et privés, qui contribuent à la croissance économique nationale.