C'est en recevant un e-mail d'un riche héritier béninois apparemment louche qu'un jeune français, Lucas, décide de riposter en sa qualité de « croqueur » : un chasseur d'escrocs sur le Web. Pour « croquer » son interlocuteur, il va utiliser le même mode opératoire que lui (fautes d'orthographe comprises) : une fausse identité, une fausse somme d'argent, le tout présenté dans un « script », un scénario préparé à l'avance pour piéger l'arnaqueur. Son script, le jeune français l'a imaginé en visionnant un reportage télé sur Confrérie de la choucroute. « Je trouvais ça aberrant que les gens se retrouvent autour de la choucroute », explique le trentenaire qui travaille dans le bâtiment. C'est donc pour rigoler qu'il propose à son faux héritier béninois un faux partenariat avec la Confrérie de la choucroute. Le deal est alléchant – 85.000 euros pour ouvrir une confrérie en Afrique – et l'escroc mord à l'hameçon. Il devient alors le « mugu » de Lucas. Le mugu est, pour les escrocs comme pour les croque-escrocs qui ont repris le terme à leur compte, une personne piégée, en d'autres termes un pigeon. Se déroule ensuite une discussion de trois mois entre le faux héritier et le faux choucroutier. Appâté par l'argent, l'escroc signe ses mails « choucroutement vôtre » et réalise une photo de lui et ses amis en tenue alsacienne, preuve de leur bonne foi et de leur volonté d'intégrer la confrérie. C'est gagné pour Lucas, il a obtenu son « trophée ». La preuve qu'il a réussi à faire perdre son temps et à ridiculiser son interlocuteur.