Le peuple algérien est sorti dans les principales villes du pays pour contrecarrer le plan du général Charles de Gaulle visant à imposer une solution « octroyée » dans le cadre d'une décentralisation de l'administration coloniale avec une « autonomie » des territoires algériens, sous son fameux slogan de « L'Algérie algérienne ». Pour M. Malek, ces manifestations furent un « référendum populaire » pour l'indépendance de l'Algérie, et dont les répercussions se feront immédiatement sentir sur le plan international et même auprès de l'opinion publique française. A ce propos, Krim Belkacem avait lancé, dès l'explosion populaire à Alger, qu'il était temps que « le cri de Belcourt retentisse à Manhattan (New York - ONU) ». Lors de la 15e session de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies, une résolution reconnaissant le droit à l'autodétermination et à l'indépendance de l'Algérie, sera adoptée le 20 décembre de la même année. Le 8 janvier 1961, le président de la République française organise un référendum sur l'autodétermination en Algérie. Le processus de négociations fut lancé avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) reconnu lors des négociations d'Evian en 1961. De son côté, Larbi Alilat, responsable du réseau « El Malik » du FLN à Alger, est revenu sur l'objectif de ces manifestations qui visaient à « contrecarrer » celles des partisans du général de Gaulle et de réorganiser la Zone autonome d'Alger (ZAA), déstructurée durant la bataille d'Alger en 1957. Dans un entretien à l'APS, M. Alilat a indiqué que « Bettouche Belkacem et Benslimane Youcef, deux responsables du réseau « El Malik », avaient contacté les militants d'Alger du FLN pour les amener à infiltrer les manifestations pro-gaulliste, et d'en changer les slogans ». Pour lui, ces événements marquaient le début de la fin de la colonisation. Pour sa part, Abdelmalek Mahious, responsable de l'organique de l'Organisation nationale des moudjahidine d'Alger a souligné que ces évènements avaient pour objectif de faire entendre le cri des Algériens, à travers le monde entier. L'historien français, Gilles Manceron, revient sur les principaux enjeux de cette date historique. Pour lui, « les grandes manifestations du 11 décembre 1960 en faveur de l'indépendance relèvent d'une autre forme de lutte armée ». C'est ainsi qu'« elles ont remporté à cette occasion une victoire politique décisive ». Ces manifestations, violemment réprimées, « ont achevé de persuader de Gaulle qu'il n'y avait pas d'autre solution que l'indépendance de l'Algérie négociée avec le FLN », a-t-il souligné en signalant que « le général de Gaulle, dès le 5 septembre 1960, avait parlé d'une « Algérie algérienne », et, le 4 novembre, il avait ajouté, au dernier moment, à son discours, les mots de « République algérienne » qui ne figuraient pas dans le texte qu'il avait fait lire à son Premier ministre, Michel Debré. Le putsch d'Alger, en avril 1961, et les oppositions au sein même de son gouvernement ont fait durer les négociations jusqu'en mars 1962.