Photo : Slimene S.A. La préparation de l'action de solidarité au niveau de la wilaya d'Alger nécessite une armée de travailleurs et de bénévoles. Mme Mohamedi Faïrouz, directrice du comité solidarité d'Alger, travaille d'arrache pied pour assurer son bon déroulement. Dans cet entretien qu'elle nous a accordé, elle revient sur les missions de la structure qu'elle gère durant toute l'année et spécialement au mois du Ramadan. L'action de solidarité bat son plein pendant le mois de Ramadhan. Peut-on avoir une idée sur l'action que vous menez ? Notre plan d'action a commencé deux mois avant le Ramadhan et cela pour permettre aux communes de s'organier pour bénéficier des subventions de la wilaya, pour mettre en place des crédits et contacter les fournisseurs pour bien mener l'opération du couffin de Ramadhan et pouvoir l'achever au plus tard le dixième jour du mois sacré. Jusqu'à hier, 19 communes relevant de la wilaya d'Alger ont achevé la répartition des denrées alimentaires. Dans notre programme d'activité, nous avons mobilisé une enveloppe de 343 millions de dinars destinée à l'opération dont 89 million de dinars mobilisés sur le budget de wilaya et 247 millions de dinars représentant la participation des communes. Le ministère de la Solidarité a également apporté sa contribution en injectant 6,6 millions de dinars. Ces sommes sont-elles suffisantes ? C'est assez suffisant pour satisfaire le nombre de personnes attendues. Le premier jour de Ramadhan, nous avons servi plus de 33.051 repas. Pour ce qui est de l'aide financière, elle varie entre 3000 et 10 000 DA et tout dépend de la commune où ils résident. Dans cette action de solidarité, y a-t-il des initiatives des particuliers ? Les particuliers ont tendance à travailler directement avec les commissions installées au niveau des communes. Mais les rapports qui nous arrivent de ces communes soulignent que l'action de solidarité des particuliers est importante. Ils offrent souvent des aides alimentaires. Dans la commune de Rouiba, par exemple, la grande majorité des repas est prise en charge par les industriels implantés dans la localité. Par rapport à l'an dernier, le nombre de bénéficiaires a-t-il augmenté ? Cette année, on a recensé quelque 70.000 familles concernées par l'action de solidarité. Le chiffre a légèrement diminué par rapport à l'année dernière où on a enregistré quelque 80.000 familles. Cela n'exclut nullement la présence d'une certaine catégorie de familles qui ne répondent pas aux critères des nécessiteux mais qui sont dans le besoin. La constitution des dossiers est suivie d'une enquête. Il faut reconnaître que celui qui travaille dans l'informel gagne ce que gagne un cadre de l'Etat mais sans affiliation ni attestation de travail. Comment se fait la distribution des couffins ? Pour la distribution des couffins de Ramadhan, nous travaillons en étroite collaboration avec les scouts musulmans algériens qui s'occupent de l'acheminement des couffins vers les nécessiteux et des repas vers les différentes cantines. Ils y aussi des bénévoles qui sont au nombre de 400 qui nous aident dans cette action. Ce qu'on a remarqué cette année, c'est que beaucoup de communes ont opté pour les chèques, pour plus de discrétion. On a remarqué que l'engouement des dons et des actes solidaires s'amplifie uniquement durant le mois sacrée ... Je ne suis pas d'accord. Par exemple, durant l'hiver, nous distribuons de la soupe chaude pour tous les SDF, la wilaya d'Alger a aidé les wilayas qui ont fait face aux intempéries. On est arrivé à livrer jusqu'à 800 tonnes de denrées alimentaires, notamment à Ghardaia, Aïn Defla, El Bayadh. On aide également les structures de la wilaya d'Alger dans d'autres occasions comme les fêtes religieuses et nationales mais nous travaillons dans la discrétion et sans tapage médiatique. On a même ouvert dernièrement un centre d'aide pour les handicapés au niveau de Hussein Dey. C'est une première en Algérie et l'opération a très bien marché. Cette association est devenue lucrative et fait travailler des handicapés. Est-ce que les SDF bénéficient d'une prise en charge particulière pendant ce mois sacré ? Non, on n'a pas un dispositif spécial SDF, ils peuvent aller dans les restaurants Errahma. La wilaya d'Alger compte 136 lieux de restauration dont 65 publics, 46 privés et 25 lieux appartenant à des associations comme le Croissant-Rouge algérien et les SMA. Les SDF bénéficient d'un dispositif spécial pendant la période hivernal. Peut on connaître leur nombre au niveau de la capitale ? On ne dispose pas de chiffres exacts. Mais ils sont entre 1.000 et 1.200. Il y a des insertions quotidiennes dans les centres institutionnels par des ramassages fréquents. Ces personnes fuient les centres et préfèrent l'errance. Selon le dernier rapport effectué par nos services, 80% de ces personnes sont des malades mentaux et 90% viennent de villes intérieur du pays, il y a même des étrangers qui viennent du Mali, de Libye, du Sri Lanka, de Tunisie, du Burkina Faso et des Palestiniens. A ce propos, je tiens à soulever le problème de prise en charge de ces SDF. Ils doivent être hébergés dans des centres spéciaux car nos établissements d'actions sociales sont conçus pour recevoir les personne âgées, les femmes en détresse, les handicapés mais pas les malades mentaux. Ils représentent un danger pour ces personnes. Idem pour les structures hospitalières. Elles ne peuvent pas les garder une fois guéris. Je pense que la construction d'asiles psychiatriques réglera définitivement le problème de ces personnes en détresse.