Une année est passée depuis le retrait des troupes américaines d'Irak mais, le pays ne s'est pas encore relevé de sa crise qui a débuté au lendemain du départ des derniers soldats américains, le 18 décembre 2011, qui a mis fin à une guerre de près de neuf ans au terme de laquelle des dizaines de milliers d'Irakiens et plus de 4.400 soldats américains ont trouvé la mort. Les forces de sécurité irakiennes se retrouvent ainsi seules aux commandes pour gérer des infrastructures déficientes et des attentats quasi-quotidiens. Sur le plan politique, l'année a été marquée par un conflit entre le Premier ministre chiite Nouri Al Maliki et ses alliés au sein du gouvernement. La formation laïque Iraqiya, les Kurdes et le chef religieux radical chiite Moqtada Sadr, dont la formation fait partie du cabinet, ont tenté de faire bloc contre Al Maliki mais, un vote de défiance a finalement échoué, faute de soutien au Parlement. La rivalité politique s'est déplacée dans l'arène judiciaire, lorsque le vice-président sunnite Tarek Al Hachémi (membre d'Iraqiya) a été accusé d'avoir fomenté des assassinats. Condamné à mort par contumace, il s'en est lavé les mains, dénonçant, depuis son exil turc, des accusations à caractère politique. Malgré l'âpreté de la crise entre les deux camps, la plus grosse menace à l'unité de l'Irak est aujourd'hui incarnée par le conflit qui oppose la région autonome du Kurdistan au gouvernement central. La dispute a d'abord porté sur l'exploitation des hydrocarbures du Kurdistan après que Bagdad eut critiqué les contrats accordés par Erbil (capitale du Kurdistan) à des compagnies pétrolières étrangères, sans son accord. Le conflit est allé crescendo jusqu'à déboucher sur des tiraillements militaires. Les deux entités revendiquent une bande de territoire qui comprend notamment la ville de Kirkouk. Les Kurdes enragent depuis que Bagdad y a installé l'un de ses quartiers généraux en septembre. Devant cette situation, le SG des Nations unies, Ban Ki-moon, a mis en garde, lors d'une récente visite à Bagdad, les dirigeants irakiens contre l'impact négatif de leurs divisions sur la sécurité et la gouvernance du pays. Hier, une voiture piégée a explosé devant le quartier général local de l'Union patriotique du Kurdistan à Jalawla, dans le nord de l'Irak, coûtant la vie à deux personnes.