La grande conférence nationale de réconciliation, envisagée en décembre 2011, afin de désamorcer les tensions dans le pays, n'a toujours pas eu lieu. La crise politique s'est aggravée en Irak où le gouvernement est paralysé depuis des mois avec des appels répétés à la démission du Premier ministre Nouri al-Maliki, accusé d'être un dictateur. Le pays est paralysé à tous les niveaux: gouvernement, Parlement, sécurité, économie, plus rien ne fonctionne, pas même virtuellement, depuis décembre dernier, lorsque Obama avait annoncé le rapatriement de ses GI's et Marines. En fait, la crise couvait bien avant. Le bloc Iraqiya, laïc et dominé par les sunnites, avait rompu son deal concernant la réconciliation nationale en boycottant les institutions post-Saddam (gouvernement et Parlement) pour protester contre la monopolisation du pouvoir par le chiite Maliki. Celui-ci, installé par Washington, avait de son côté, évincer le vice-Premier ministre Saleh Moutlak, membre d'Iraqiya, qui avait accusé d'être “pire que Saddam Hussein” ! Toujours, après le retrait des forces opérationnelles américaines, Maliki qui s'était rapproché de l'Iran, lançait un mandat d'arrêt contre le vice-président Tarek al-Hachémi, accusé d'avoir fomenté des meurtres. Hachémi, qui appartient également au bloc Iraqiya, a fui le pays et son procès par contumace est en cours à Bagdad. Les dirigeants kurdes ne sont pas en reste et le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, a attaqué à plusieurs reprises le chef du gouvernement ces derniers mois, accusé de visées politiques hégémonistes. Le différend a aussi une dimension économique, avec un bras de fer sur la répartition des recettes pétrolières entre région et autorités centrales. Même le chef religieux radical chiite Moqtada Sadr, dont la formation fait partie du gouvernement, a rejoint en début d'année Iraqiya et les Kurdes pour accuser Maliki de “dictateur”. Aujourd'hui Maliki doit se contenter du seul soutien du grand ayatollah Kazem al-Haïri, qui vit en Iran et qui le fait apparemment par défaut puisqu'il justifie sa posture par sa conviction qu'il est haram de voter en soutien à une personne laïque ! Maliki qui a entre les mains l'appareil répressif sera-t-il poussé à la porte de la sortie ? Il faudra alors que le président de l'Irak Jalal Talabani accepte de lancer un vote de défiance. Pour l'heure, ses détracteurs dont le camp s'est élargie, tentent d'unifier leurs voix autour du slogan : mettre fin à la dictature rampante en Irak. L'étirement en longueur du conflit politique n'est pas sans conséquence sur le travail des nouvelles institutions qui sont paralysées. Le Parlement n'a adopté aucune loi importante ces derniers mois, à l'exception du budget, laissant notamment de côté un texte sur les hydrocarbures, jugé crucial pour l'avenir du pays. L'impact de la crise est aussi économique. L'économie se replie en raison des craintes croissantes des investisseurs, soulignent les spécialistes. Idem sur le plan sécuritaire. Le président Talabani, qui se dit très inquiet de la gravité de la situation, a renouvelé son appel au dialogue. Pour le moment, en vain. Le feu de la guerre civile peut reprendre à tout moment. D. B