Il doit également effectuer une mission d'évaluation sur les nouvelles règles d'engagement des forces américaines en Irak après leur retrait des villes du pays le 30 juin. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, est arrivé hier en Irak pour pousser ses communautés de ce pays à résoudre leurs conflits avant le retrait américain fin 2011. En provenance de Jordanie, M.Gates est venu tenter de rapprocher Arabes et Kurdes, qui se disputent le contrôle de zones limitrophes de la région autonome du Kurdistan riches en pétrole, selon le haut responsable de la Défense. «Nous affirmons aux parties impliquées qu'elles ont une fenêtre d'opportunité politique qu'elles doivent saisir entre maintenant et la fin 2011», a-t-il souligné avant l'arrivée de Gates à la base de Tallil, à 350 km au sud de Baghdad. Les trois provinces formant le Kurdistan représentent 40.000 km² mais les forces kurdes, dans le sillage de l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, ont étendu leur présence sur 75.000 km² en prenant le contrôle d'une partie des provinces de Kirkouk, Ninive et Diyala. M.Gates, qui devait rencontrer hier à Baghdad le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, selon le bureau du chef du gouvernement, se rendra aussi au Kurdistan lors de cette visite de deux jours. Il doit également effectuer une mission d'évaluation sur les nouvelles règles d'engagement des forces américaines en Irak après leur retrait des villes du pays le 30 juin, première étape du désengagement total, a précisé le responsable. Les 128.000 soldats américains jouent désormais un rôle d'appui et de conseil auprès des forces irakiennes en charge de la sécurité des villes. M.Gates discutera par ailleurs avec le gouvernement irakien d'éventuelles fournitures d'armement, notamment des avions de combat F-16 dont l'Irak a besoin pour accroître ses capacités de défense en prévision du désengagement américain. En dehors de quelques hélicoptères, l'armée irakienne ne dispose pas d'une flotte aérienne et doit s'appuyer sur les forces américaines pour mener des opérations importantes contre les insurgés, dont les attaques ont considérablement diminué dans le pays. L'administration américaine s'inquiète de l'absence de progrès dans les conflits politiques qui opposent les communautés irakiennes, particulièrement celui autour du Kurdistan qui menace de dégénérer en affrontements armés. Washington estime que «les parties doivent avoir une approche, à la fois dans les mots et dans les actes, qui les engage dans un processus politique pacifique», a ajouté le responsable américain. Il a ajouté que les Kurdes, alliés des Américains depuis la première guerre du Golfe en 1991, avaient tout intérêt à tirer profit de la présence américaine pour parvenir à un accord sur les zones disputées, dont la ville pétrolière de Kirkouk, et sur un arrangement pour la répartition des ressources pétrolières. La visite de M.Gates au Kurdistan interviendra trois jours après la tenue des scrutins législatifs et présidentiel dans la région autonome, dont les résultats officiels n'ont toujours pas été rendus publics. Une liste dissidente kurde a réussi, à l'issue d'une campagne anti-corruption aux législatives, à menacer l'hégémonie des deux grands partis traditionnels kurdes et pourrait devenir une réelle opposition au sein du parlement autonome du Kurdistan irakien. En visite récente à Washington, M.Maliki avait indiqué que les divergences entre Baghdad et Erbil, la capitale du Kurdistan, représentaient «l'un des problèmes les plus dangereux» pour l'Irak. Il avait également évoqué le maintien éventuel d'une présence des troupes américaines dans son pays au-delà de 2011 si les forces irakiennes nécessitaient «davantage de formation et de soutien». Par ailleurs, le mouvement du chef radical Moqtada Sadr a protesté contre cette visite, affirmant dans un communiqué qu'elle ne servait qu'à «maintenir les intérêts américains» en Irak.