Le Mali a son nouveau gouvernement d'union. De l'équipe formée par l'astrophysicien Cheick Modibo Diarra, trois ministres restent en poste dans celle de Diango Cissoko : Tiénan Coulibaly à l'Economie, le colonel Yamoussa Camara à la Défense et Tieman Coulibaly aux Affaires étrangères. Deux faits semblent caractériser ce nouvel exécutif qui comprend 30 ministres. Un, les militaires, que dirige le capitaine Amadou Haya Sanogo, à l'origine de la démission forcée de Modibo Diarra, onteu droit en sus de la Défense, trois autres ministères (Sécurité intérieure, Administration territoriale et Justice). Deux, Gao, Tombouctou et Kidal, les trois régions du Nord qui sont contrôlées depuis huit mois par al-Qaïda et le Mujao, ont davantage de poids. Sous-représentées dans le précédent exécutif, elles détiennent désormais trois ministères. C'est pour faciliter la poursuite du dialogue entamé début décembre à Ouagadougou par Tiéman Coulibaly avec Ansar Dine et le Mouvement national de libération de l'Azawad, les deux groupes touareg, dit-on. Trois, la nouvelle équipe gouvernementale, dont six éléments font leur entrée pour la première fois, comprend les principaux regroupements politiques maliens. Une question s'impose. Ce gouvernement, qui a choisi la continuité, sera-t-il « opérationnel » et à même d'organiser des élections crédibles, au premier semestre 2013, préalable à une éventuelle intervention militaire contre les groupes armes qui refusent le dialogue avec Bamako ? Plusieurs partis, dont le Front uni pour la démocratie (FDR), une organisation anti-junte regroupant l'Adema du président Dioncounda Traoré et l'URD de Soumaïla Cissé, se déclarent prêts à le soutenir s'il poursuit les objectifs qui lui ont été assignés. Même son de cloche du côté de la coordination des organisations patriotiques. Samedi à Abidjan, les chefs d'état-major des pays de la Cédéao se sont rencontrés pour « parfaire », pour la énième fois, leur « concept d'opération harmonisée conjoint » pour le déploiement des 3.300 soldats de la Mission internationale de soutien au Mali et ce, malgré les réticences des autorités maliennes qui ont compris « qu'on ne traite pas le terrorisme, la faillite politique des Etats et le trafic de drogue, des armes et des êtres humains, par une intervention militaire », et les réserves formulées par le Conseil de sécurité sur cette opération. Selon le général Soumaïla Bakayoko, chef de l'armée ivoirienne, les participants sont allés « plus loin » dans l'examen du « niveau de préparation » des pays qui ont promis de fournir des troupes.