Le nouveau Premier ministre malien de transition, Cheick Modibo Diarra, consultait mercredi à Bamako pour former son gouvernement dans un climat de tension après une vague d'arrestations d'hommes politiques et de responsables militaires par les putschistes du 22 mars toujours actifs. Une dizaine de personnes liées à l'ex-président renversé Amadou Toumani Touré (ATT) ont été arrêtées par des hommes armés de l'ex-junte au pouvoir depuis lundi soir, parmi lesquels des poids lourds du monde politique malien, dont Modibo Sidibé, ex-Premier ministre d'ATT, et Soumaïla Cissé, ancien ministre. Les arrestations se sont poursuivies dans la nuit de mardi à mercredi, visant deux nouveaux responsables politiques: Kassoum Tapo, membre de l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), l'un des principaux partis maliens, et Tièman Coulibaly, de l'Union pour la démocratie et le développement (UDD). La junte, qui avait accepté de se retirer au profit des civils deux semaines après le putsch mais qui n'entend pas être écartée des affaires, n'a pas précisé les raisons de cette série d'arrestations. Le colonel Moussa Sinko Coulibaly, chef de cabinet du chef des putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a simplement indiqué mardi soir qu'elles ont été opérées "sur la foi d'indications précises et d'informations graves et concordantes" et "sur instructions de la hiérarchie". Ces personnes seraient soupçonnées d'avoir fomenté à leur tour un nouveau coup d'Etat, selon des sources concordantes. Les arrestations compliquent singulièrement la tâche de Cheick Modibo Diarra, tout nouveau Premier ministre de transition et de "consensus", désigné mardi. Cet astrophysicien de renommée internationale âgé de 60 ans doit maintenant former un gouvernement "d'union nationale", dont la priorité sera de tenter de résoudre la grave crise dans le nord du Mali, occupé et contrôlé par des mouvements islamistes armés, des rebelles touareg et des groupes criminels.