Cherif Ladraâ, co-auteur avec Makhlouf Boukrouh du livre « Mustapha Kateb, du Théâtre algérien au Théâtre national algérien » et Abdelhamid Rabia, comédien, ont tenté de cerner, lors d'une conférence de presse animée au Théâtre régional de Batna, l'homme et son œuvre. M. Ladraâ a de prime abord mis en exergue les qualités intrinsèques du comédien, autant dans la mise en scène que dans l'interprétation et l'écriture dramaturgique. Selon lui, M. Kateb est le premier comédien algérien à avoir exercé le métier de metteur en scène et à mettre la main à la poche pour la réalisation de l'Ecole nationale des arts dramatiques. « Il n'y avait ni stratégie ni budget, encore moins une subvention. Mustapha Kateb a pris la décision de donner une partie de son salaire pour financer la construction de cette école. D'autres comédiens du Théâtre national algérien ont pris exemple sur lui, et c'est grâce à eux que le projet a pu tenir debout », a-t-il rappelé. C'est vrai que sur le plan relationnel, a-t-il reconnu, le comédien n'a pas toujours été tendre avec son entourage, mais sur le plan professionnel, a-t-il précisé, il est irréprochable. « Mustapha Kateb, fondateur du Théâtre national algérien, n'a pas toujours eu de bonnes relations avec les artistes en raison d'une lutte artistique, culturelle et idéologique entre les comédiens. Il n'en demeure pas moins, a-t-il souligné, qu'il a jeté les premiers jalons du 4e art national », a-t-il soutenu. M. Ladraâ a, en outre, affirmé que Mustapha Kateb, qui a toujours insisté sur la formation, reste à nos jours le seul homme de théâtre qui a consacré un inestimable article à Rachid Ksentini, l'autre monument du théâtre algérien. « D'aucuns pensent que Mustapha Kateb a une vision romantique du théâtre, alors qu'il n'a jamais cessé de dire que le 4e art s'articule autour du comédien, du metteur en scène et du public. « Pour lui, le public n'est pas uniquement un consommateur, car il participe à la création théâtrale. De son côté, le comédien Abdelhamid Rabia a rappelé l'homme que fut Mustapha Kateb. « Mahieddine Bachtarzi est le père du théâtre algérien et Mustapha Kateb notre père spirituel », a-t-il souligné, avant d'ajouter que ce dernier a consacré sa vie à la promotion du théâtre algérien. M. Rabia a rappelé, sur un autre plan, l'apport inestimable de M. Kateb, non seulement pour les comédiens algériens, mais aussi pour les hommes du théâtre marocain, tunisien, libyen et égyptien. Pour lui, Mustapha Kateb était un excellent formateur qui a formé toute une génération de comédiens et de metteurs en scène algériens et étrangers. « Sa culture générale a fait de lui un véritable intellectuel, doublé d'un homme de théâtre hors pair », a-t-il soutenu. M. Rabia se dit, par ailleurs, convaincu que M. Kateb reste le plus grand esthète dans son domaine que notre pays ait enfanté. « Elégant dans l'interprétation, poète dans l'écriture, M. Kateb est un comédien d'exception, à la voix et à l'expression corporelle pareilles à nulles autres », a-t-il conclu.