Figure - Le nom de Mustapha Kateb reste à jamais gravé dans la mémoire du théâtre algérien. Mustapha Kateb commence très jeune, à l'âge de 18 ans, à faire du théâtre. Il fait ses débuts dans l'art dramatique avec le théâtre radiophonique. Deux ans plus tard, au début des années 1940, il crée sa propre troupe professionnelle El-Masrah qui deviendra plus tard EI-Masrah EI-Djazaïri, une troupe qui se voulait beaucoup plus une école d'art dramatique. Depuis, il ne cesse de s'adonner au théâtre. Mustapha Kateb est un nom associé d'emblée au théâtre algérien. En 1963, il devient, et pour dix ans, le premier directeur du Théâtre national algérien (TNA). Cependant, on considère que sa plus grande réalisation sur le terrain théâtral, c'est la création, en 1965, de l'Institut national d'art dramatique et chorégraphique (lnadc) de Bordj el-Kiffan (aujourd'hui Ismas) dont la section Art dramatique a formé jusqu'en 1974, date de la fermeture de cette structure, une quarantaine de comédiens et comédiennes qui, par la suite, ont permis au TNA de connaître une autre période faste de son existence. Ainsi, Mustapha Kateb, disparu en 1989, est considéré comme une référence, une école. Plus de vingt ans après sa disparition, que reste-t-il de cet homme dont l'œuvre est immense ? «Il reste son œuvre, ses idées et tout ce qu'il a fait pour le théâtre algérien», nous dira Cherif Ladraâ, et d'ajouter : «Il est, à lui seul, une référence. Lorsqu'on parle de l'Inadc (Ismas aujourd'hui), on se réfère aussitôt à lui, puisque c'est lui qui l'a créé. Il a fondé le Théâtre national algérien. La plupart des comédiens et comédiennes ainsi que les metteurs en scène (ceux de l'ancienne génération), c'est lui qui les a formés. Mustapha Kateb a tant donné au théâtre algérien et ce, depuis les années 1940 jusqu'à sa mort.» Cherif Ladraâ, en collaboration avec Mekhlouf Boukrouh, a consacré un livre à Mustapha Kateb. L'ouvrage a pour titre : Mustapha Kateb, du théâtre algérien au Théâtre national algérien. «Ce livre est une première tentative de présenter – et de faire connaître – les idées de l'homme de théâtre que fut Mustapha Kateb», dit-il, et de poursuivre : «Ce livre est le premier qui parle de Mustapha Kateb. Ce n'est pas un livre sur Mustapha Kateb, mais un livre de Mustapha Kateb, en ce sens qu'on a rassemblé les textes et articles (écrits par Mustapha Kateb) en vue de donner une idée et un large aperçu sur ce qu'il était et sur ce qu'il a fait pour le théâtre. Ce dernier était porteur d'idées et de renouveau. On y a ajouté les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé et accompagné dans sa carrière d'homme de théâtre.» Ainsi, Cherif Ladraâ et Mekhlouf Boukrouh cherchent par ce livre, qui est d'ailleurs une modeste contribution de leur part, à faire connaître Mustapha Kateb à travers sa personne et ses travaux. - Interrogé sur la raison qui l'a motivé, lui et Mekhlouf Boukrouh, à réaliser un livre sur Mustapha Kateb, Cherif Ladraâ répondra : «C'est d'abord un homme de théâtre qui a incontestablement marqué le théâtre algérien. Il est l'un des piliers. Il est incontournable. C'est quelqu'un qui a laissé son empreinte. En outre, il a voué toute sa vie au théâtre et ce, depuis les années 1940 jusqu'à la fin de sa vie (1989). Il est auteur de plusieurs textes et d'articles sur le théâtre (il était critique). Il était aussi acteur et metteur en scène. Il a été le fondateur de la Troupe de théâtre du FLN pendant la Révolution. A l'indépendance, il devient le directeur du Théâtre national algérien. Il a joué différents rôles et occupé différentes fonctions dans l'histoire du théâtre algérien. Je pense que Mustapha Kateb mérite plus d'un millier de livres. On lui doit une grande reconnaissance à la vue de son œuvre.» A savoir quelle place occupe-t-il dans les études universitaires, Cherif Ladraâ répondra : «Je ne sais pas s'il a sa place dans les études universitaires, puisque je n'ai aucune connaissance du programme pédagogique, mais je ne pense pas que les universités algériennes se soient vraiment intéressées au travail de Mustapha Kateb.» Enfin, quant à la question de pourquoi a-t-on tendance à oublier Mustapha Kateb, Cherif Ladraâ répondra : «En effet, on a tendance à tout oublier, pas seulement Mustapha Kateb. Lorsqu'on voit la vie culturelle chez nous, l'on constate avec regret que le nombre des études réalisées sur notre culture et notre histoire est faible. On a fait d'ailleurs ce livre justement par souci de restaurer la mémoire culturelle algérienne.»