Cette visite « la première dans la région, en cette année 2012, en un moment fortement symbolique », puisqu'elle coïncide avec les « 50 ans de l'indépendance de l'Algérie », dira Hollande, était nécessaire. « Il s'agit d'un voyage attendu, espéré, redouté », a ajouté le chef de l'Etat français. La « déclaration d'amitié et de coopération », qui viendra prendre la place du mort-né traité d'amitié cher à Chirac, sera complétée par d'un « document-cadre de partenariat, un programme de travail sur cinq ans dans les domaines économique, financier, agricole, culturel et même de défense ». Ce document vise à « améliorer la formation, accompagner les technologies et servir les intérêts et de l'Algérie et de la France ». Le président français dira, dans cet ordre d'idées, que cet aboutissement est le fruit d'un « travail des deux gouvernements », français et algérien. Il rappellera, à cet effet, la visite en Algérie de pas moins de cinq ministres français. Résultat : « bon nombre d'accords seront signés. Ils doivent avoir un sens ». « Ce que je veux définir avec l'Algérie, dira encore Hollande, c'est un partenariat stratégique d'égal à égal qui permette justement d'entrer dans le nouvel âge de la relation » entre les deux pays. C'est dans ce sens que des annonces très fortes seront faites. Il citera « la décision du constructeur automobile Renault d'ouvrir une usine en Algérie qui produira non seulement pour le marché algérien mais aussi pour le continent ». Hollande y voit une « volonté de coproduction » entre l'Algérie et la France, tout en rejetant « toute pression politique du gouvernement français » sur le constructeur automobile dans lequel l'Etat français est actionnaire. Concernant l'importante délégation de chefs d'entreprise qui l'accompagne, il dira : « nous ne demandons aucune faveur, nous devons être les meilleurs et être au service de l'économie algérienne, tout comme les Algériens apporteront leur contribution à l'économie française ». Ce nouveau partenariat stratégique se conçoit chez le président français comme un premier jalon d'une coopération entre deux pays phares de la Méditerranée. Dans ce sens, Hollande affirme que « l'Union pour la Méditerranée soit repensée », afin de faire de la Méditerranée « une zone de développement, de coproduction et de croissance ». Toute la vérité sur le colonialisme Abordant les perspectives entre les deux pays et la question mémorielle, Hollande relève les « liens humains, économiques et culturels que nous devons amplifier ». C'est ainsi qu'il considère que « toute la vérité » doit être dite sur la colonisation. « J'ai toujours été clair sur cette question, la vérité sur le passé, la colonisation, la guerre avec ses drames, ses tragédies et ses mémoires doit être établie », ajoute-t-il. « Il y a une vérité à dire sur le passé, mais surtout une volonté à prononcer pour l'avenir », soutient-il, tout en insistant sur le fait que « ce voyage est tourné sur l'avenir. Il est pour engager une mobilisation de nos deux sociétés, de nos deux gouvernements pour que, et pour les Algériens et pour les Français, une page se tourne et que nous puissions en écrire tellement d'autres ». Le chef de l'Etat français annoncera, par ailleurs, que l'accord de 1968 sur la circulation des biens et des personnes ne sera pas révisé. « C'est un bon accord, il faut juste améliorer son exécution », dira-t-il, en insistant sur « deux maîtres-mots : dignité et considération ». A propos de l'assassinat des moines de Tibehirine, qui continue à faire couler beaucoup d'encre outre-Méditerranée, François Hollande soutiendra que c'est à la justice algérienne et son homologue française de « faire toute la lumière sur cette affaire ». Interrogé sur le « printemps arabe » et sur le fait que l'Algérie soit épargnée par le vent de violence qui secoue la région, le président Hollande dira que les Algériens, eux-mêmes, affirment que l'Algérie a déjà connu son printemps, expliquant que « chaque pays a ses spécificités », soulignant la « liberté de la presse » en Algérie, « unique dans la région ». « Je veux, déclarera-t-il, saluer le courage des Algériens qui ont lutté, pendant toutes ces années et la manière avec laquelle ils ont réussi à rester unis ». A propos du processus démocratique dans notre pays, Il dira qu'« après le processus de réconciliation et de reconstruction, il reste la révision de la Constitution, dernière étape des réformes politiques ». Crise malienne : Convergence avec l'Algérie Pour ce qui est des questions internationales, le président français déclare qu'il y a convergence entre les deux pays en ce qui concerne notamment la question malienne. « Nous sommes deux pays respectés dans le monde avec des principes de politique extérieure qui nous réunissent ». « L'Algérie a lutté contre le terrorisme et elle est en train de nous livrer son expérience. Le président Bouteflika et moi-même sommes en convergence de vues pour le traitement de la crise du Mali », a-t-il souligné. « En France, comme en Algérie, nous sommes pour les négociations. Nous sommes pour la lutte contre le terrorisme ». Il dira, à ce propos, que la France soutient « le dialogue politique avec les forces et mouvements qui rejettent ou qui luttent directement contre le terrorisme, pour permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale. » Sur une éventuelle intervention militaire, il soutiendra que celle-ci est du « seul ressort du conseil de sécurité après accord des Africain eux-mêmes, particulièrement la Cédéao. » Notons que le président Hollande a annoncé qu'il a officiellement invité le président Bouteflika à effectuer une visite d'Etat en France.