La rencontre internationale sur la musique andalouse — en ce festival de la musique andalouse et musiques anciennes — qui se déroule ces jours-ci à l'OREF (Office Riadh El Feth) est l'occasion de revenir sur le destin artistique de Yamna Bent el Hadj el Mahdi. Cette dame qui a su par son talent inné, décrocher le titre prestigieux pour l'époque d'alors de « maalma » « Maître » de musique andalouse. Ce n'est pas peu pour une dame née en 1859 dans cette Algérie conservatrice. Elle a vu le jour dans la Casbah d'Alger et l'environnement citadin lui a insufflé l'amour du chant et de la musique. Sa biographie nous met en face d'une enfant qui dès l'âge de 10 ans se produit déjà au cours des fêtes familiales. Elle aura à braver tous les interdits de la société traditionnelle, proche et alentours pour exercer ce qui lui est un don de la nature. Sa carrière artistique se sera réalisée à force de témérité et de courage. Son premier maître et enseignant fut Cheikh Benbrihmat, directeur d'une médersa. Celui-ci, homme d'instruction et mélomane féru de musique classique andalouse prit en affection la petite Yamna. Elle apprit à lire et à écrire la langue arabe en même temps qu'elle s'initia à la « kouitra » et au violon dont elle joua de façon magistrale. Maâlma Yamna constitua son premier orchestre qu'elle dirigea, dès l'âge de 21 ans. Yamna bent El Hadj el Mahdi rayonna à travers de grandes villes d'Algérie où elle se produisit tout au long de sa carrière. Une carrière qui lui a valu d'étoffer un répertoire riche de près de 500 morceaux de musique classique algérienne et d'enregistrer quelques-uns auprès de la maison de disques. Elle mourut le 1er juillet 1933 à l'âge de 73 ans et repose au cimetière d'El Kettar. On lui doit le très beau chant des mariées et autres fêtes « Rana Djinek », des paroles et une musique puisées au cœur de la citadelle et de la vieille ville et qui est devenu un texte lyrique incontournable dans la tradition algéroise lors des évènements heureux.