Des voix s'élèvent en Turquie pour appeler l'armée à envahir le nord de l'Irak. Abdullah Öcalan, le leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui purge depuis 1999 une peine de prison à vie dans le Nord ouest de la Turquie, exhorte Ankara et son mouvement armé qui ont repris les affrontements militaires -depuis le début du mois de juin, il ne se passe pas un jour sans que des accrochages ne soient signalés entre les deux parties- à réfléchir à une trêve. « Les deux parties peuvent avancer vers un processus de non-violence » et « si une telle volonté se manifeste, les rebelles pourraient y répondre », affirme par le biais de ses avocats, Öcalan, qui a réclamé une reconnaissance explicite des droits des 15 millions des Kurdes dans la Constitution, mais n'a pas fait référence aux souhaits d'un « arrêt des hostilités » exprimé ces derniers jours par des ONG kurdes qui redoutent les conséquences des pilonnages par l'aviation turque des repaires du parti kurde en Irak sur la stabilité de la région. Aux raids des chasseurs d'Ankara qui bénéficient des renseignements américains sur les déplacements des 2.000 à 2500 combattants kurdes, le PKK qui a mis fin, le 1er juin dernier, au cessez-le-feu unilatéral qu'il avait proclamé il y a près d'un an et dénoncé l'initiative du gouvernement avec la fermeture par la justice du principal parti pro-kurde et des arrestations massives, oppose une menace de s'en prendre aux grandes villes. Sans attendre longtemps, il est passé à l'acte. Il a tué six personnes dans un attentat à la bombe à Istanbul. Avec la reprise des combats qui pourrait alourdir le nombre de morts faits par ce conflit, 45.000 selon les chiffres officiels, des voix s'élèvent en Turquie pour appeler l'armée à envahir le nord de l'Irak. « A l'instar des Américains en Afghanistan (...), la Turquie doit immédiatement envahir l'Irak », écrit Sedat Laçiner, un spécialiste du terrorisme dans le journal Hürriyet Daily News. Plus de 10.000 soldats, épaulés par des hélicoptères de combat, stationnent près de la frontière irakienne. Des renforts sont attendus pour combattre cette organisation que la Turquie et plusieurs pays européens considèrent comme terroriste depuis qu'elle qui a pris les armes en 1984 pour obtenir l'indépendance du Sud-Est anatolien.