Dans un entretien accordé à notre journal, le docteur Djamel Eddine Oulmane, président de l'association de prévention par l'image « primage » et cadre à l'Institut national de la santé publique (INSP), affirme qu'il faut rester prudents quant aux installations anarchiques des relais et autres antennes de téléphonie. Faut-il craindre les antennes relais ? Nous baignons tous dans un environnement d'ondes électromagnétiques naturelles ou artificielles et nous sommes, tout le temps, traversés par ces ondes. Parmi les ondes artificielles, il y a les ondes radios, les ondes des radars, les ondes de la TV, la wi-fi, les ondes de la téléphonie mobile et bien d'autres encore. Pour ce qui est de la téléphonie mobile, on sait que la transmission se fait par des ondes qui vont de 800 à 2.300 Mhz, c'est-à-dire une fréquence à la limite de celle des fours à micro-ondes qui est de 2.450. Or, à cette fréquence on observe des effets sur la génotoxicité (rupture des brins d'ADN des noyaux des cellules vivantes), mais il n'y a pas eu d'étude sanitaire à grande échelle sur les conséquences de ces ondes. Par contre, on a observé chez des personnes dans des bibliothèques qui avaient des bornes Wi-Fi le syndrome des micro-ondes (insomnies, maux de tête, manque de concentration, nausées...), caractéristiques des effets des hyperfréquences. Pour ce qui est des antennes relais, des milliers sont installées sur les toits des habitations ou à proximité d'écoles où des enfants passent tous les jours plusieurs heures exposés aux ondes ou à proximité d'hôpitaux dans lesquels on retrouve des personnes déjà fragilisées par une pathologie ou un problème de santé. Quand on sait que la distance limite pour ces bâtisses (écoles, hôpitaux...) est fixée à 300 mètres au minimum dans de nombreux pays européens (et même à 500 mètres en Finlande) on peut constater que dans notre pays, nous sommes bien loin du compte. Quels sont les éventuels risques sur la santé ? Certaines conséquences à court terme ont été notées dans plusieurs pays auprès de certaines personnes qui étaient souvent à proximité d'antennes relais de la téléphonie mobile : dépression, migraine, troubles du sommeil, vertiges, troubles cardiaques et de tension, maladies de la peau, troubles du rythme du cerveau, atteintes des yeux et des oreilles. On suspecte même qu'à long terme nous pourrions avoir affaire à des cancers, des crises d'épilepsie, des interruptions de grossesse et des malformations congénitales. La plupart des risques de cancers ne peuvent être démontrés par des études qu'au bout de 10 à 20 ans d'exposition minimum. Nous avions eu le même problème avec la cigarette il y a quelques décennies. Idem pour l'amiante, il a fallu 30 à 40 ans d'études pour conclure de son effet catastrophique sur l'organisme. Pour la téléphonie mobile, nous n'avons évidemment pas assez de recul. Mais je pense qu'il ne faut pas attendre plus pour prendre quelques mesures de bon sens et de précaution. Y a-t-il une relation entre la tumeur du cerveau et la présence d'antennes relais ? Il y a plusieurs études qui ont montré une présomption de preuve entre l'apparition de tumeurs et la présence d'antennes. Il est très difficile d'établir une relation de cause à effet directe dans ces phénomènes, et on parle plutôt de présomption de preuve, élément suffisant pour l'application du principe de précaution car pour ce qui est de la santé des personnes, il me semble plus que justifié.