Son nom donne le tournis à qui veut le prononcer. Hsissène pénétra par effraction dans ce monde poursuivit par l'anathème ancestral contre la musique. Très jeune, il commence à s'intéresser à la musique chaâbi. Il fréquente assidûment les fêtes animées par certains chouyoukh. Il finit par se frotter aux grands maîtres pour devenir percussionniste jusqu'en 1954, date du déclenchement de la révolution. Il se met au mandole dont la maîtrise lui permet d'intégrer l'orchestre de Hadj M'hamed El Anka. Sa façon de chanter ne laisse pas indifférentes les maisons d'édition qui lui proposent, à 25 ans, la production de plusieurs disques telles « Sen Kala » « A Tir El Kafs » et « N'har El Djemaâ ». Au bout de quelques années passées sous la houlette de Missoum, Hsissène a appris beaucoup de kacidate pour devenir ensuite compositeur et mettre à profit tous les conseils prodiguées par son maître. Doté d'une voix splendide, il se hissa au niveau des grands maîtres pour dominer à son tour le monde du chaâbi. C'est en 1958 que Hsissène rejoint Tunis avec la célèbre troupe artistique du FLN, pour former l'orchestre algérien en exil. Après moult péripéties, la vie d'artiste de Hsissène prit le chemin de l'oubli, un peu comme le regretter El Hasnaoui. Seul contre tous, il sombra dans une longue maladie, dépérissant de jour en jour. Une terrible épreuve qui l'éloignait de son pays pour le laisser cloué sur un lit d'hôpital à Tunis, où il rendit l'âme en 1959. L'oubli sévit pendant longtemps pour laisser , enfin, place à la reconnaissance, le rapatriement des ossements du défunt par un mois de décembre 2012 et sa réinhumation parmi les siens à El Kettar. Ainsi la voix du rossignol s'est éteinte pour retentir encore une fois dans le vieux quartier d'El Harrach parmi ses adeptes venus nombreux saluer le retour de l'enfant prodigue.