Cette belle soirée a rendu hommage à cheikh Hssissen, mais aussi à Boudjemaâ El Ankis et Mazouz Bouadjadj dans une ambiance fébrile. Le baisser de rideau de la 5e édition du Festival national de la musique chaâbi a eu lieu mardi dernier au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi devant une assistance nombreuse. En préambule de cette cérémonie, à laquelle ont assisté Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture et M.Nacer Mehal, ministre de la Communication, le directeur de l'Onda, le musicologue Sid Ahmed Serri, Kamel Hamadi et Mohamed Lamari notamment, un film court a été présenté à l'assistance à la mémoire du Cheikh Hssissen, alias Ahcène Larbi Benameur, à qui a été dédié le festival cette année. Né le 8 décembre 1920 à la Casbah, Hssissen est attiré dès son enfance par la musique. Ses maîtres sont Khelifa Belkacem et Hadj M'hamed Al Anka. A l'âge de 20 ans, il forme un orchestre et commence à animer des fêtes de mariage et de circoncision. Il apprend par coeur les qaçaïd. La mandoline et la guitare sont ses instruments de prédilection. En pleine guerre de Libération, il milite au sein du FLN et active au service du renseignement. Un combat et un engagement qui le mèneront à Paris où il fait la connaissance de Amraoui Messaoui qui lui apprend les rudiments de la musique traditionnelle chaâbi en tamazight. Il fait connaissance de plusieurs artistes. Ils entreprennent ensemble une tournée en Tunisie avec des chants patriotiques. Malade, il préfère rester aux côtés de ses amis. Il décède le 29 septembre 1959. Ramadhan oblige, la scène du théâtre Mahieddine Bacharzi a été aménagée dans le style algérois. Sur le côté, sont déposées sur une chaise, le mandole et la chachia de Cheikh Hssissen. Et pour lui rendre hommage, Hcen Naït Zaïm reprend en kabyle quelques morceaux phares de son répertoire dont la célèbre Tir El qafs, reprise par Djamel Allam. Le second hommage qui a été rendu lors de cette soirée, a été dédié à Boudjemaâ El Ankis. Il en sera fait par son fils Hakim, dont la ressemblance est frappante. Enfin, le troisième artiste que le Festival national de la musique chaâbi a tenu à honorer est Mazouz Bouadjadj. Et c'est l'artiste Rachid Guetafa de Mostaganem qui s'aquittera de cette tâche, en reprenant ses belles mélodies, notamment par l'interprétation de la sublime Thala fewssayti matensahach. A la fin de ces tours de chant, chacun des artistes recevra un bouquet de fleurs. Sur scène ont fait monter la veuve de Cheikh Hssissen et les deux autres monuments du chaâbi honorés sous les salves d'applaudissements du public, et les youyous nourris des femmes. Outre une distinction et un bouquet de fleurs, un chèque leur a été remis. La ministre de la Culture qui se plait à pousser la chansonnette, fera chanter Boudjemaâ El Ankis en reprenant avec lui Rah El Ghali. La soirée s'achèvera par la remise des prix aux lauréats du concours du Festvial du chaâbi. Le Premier Prix a été attribué à Zediri Mourad, lequel a été le récipiendaire d'un chèque de 100.000 DA, le second prix est revenu à Sahir Imène de Blida et le troisième prix à Fetihani Mouloud tandis que le Prix spécial jury a été décerné à Sadoudi Mohamed et le Prix spécial d'interprétation féminine à Boudjella Sabriya. Au total douze prix ont été attribués dont de nombreux d'encouragement. «Je suis très ému d'avoir reçu ce prix. C'est très encourageant et cela me permettra d'aller toujours de l'avant», a confié le lauréat du Premier prix qui égayera le public par un morceau chaâbi au grand bonheur des mélomanes dans la salle. Emotion et joie de vivre planaient sur les planches du théâtre Mahieddine Bachtarzi à la vue de nos chouyoukh, présents, en compagnie pour certains de leur famille, ainsi que ces jeunes artistes en herbe qui constituent assurément la relève de demain. Cette cérémonie de clôture a eu lieu un 31 août, une date qui n'est pas fortuite, nous signale-t-on. Car c'est le 31 août 1980 que nous a quittés Dahmane El Harrachi. Et l'orchestre national de reprendre ainsi quelques morceaux phares de son riche répertoire en instrumental. C'est au commissaire du Festival national de la musique chaâbi, le musicologue Abdelkader Bendaâmeche qu'est revenu l'insigne honneur de clôturer cette 5e édition en déclarant que la prochaine édition se tiendra du 17 au 23 août prochain au niveau du TNA ainsi qu'à l'Espace Fadéla Dziria de l'Insm.