Même si l'œuvre Nedjma évoque un thème très délicat et sensible, il est bien proche du réel. A priori, tout semble opposer ces deux personnages. Ils se confrontent et se parlent, exagèrent et se chassent comme des animaux, mais derrière cette tare humaine, c'est l'humanité des personnages exilés qui en ressort. La pièce suscite émotion, car elle pose avant tout la question du comportement humain, ses médiocrités et ses petites lâchetés, et surtout le rapport à l'autre et l'étrange dépendance qui en découle. Le but de la pièce est de toucher et faire réfléchir les spectateurs pour les inciter à agir dans leur vie quotidienne. Particulièrement, la loyauté envers soi-même afin d'avancer car qui stagne recule. La pièce de théâtre, par l'identification des spectateurs aux personnages, permet à ceux-ci de mieux cerner leur vie. Pendant un peu plus d'une heure, le spectacle a tenu en haleine le public qui a exprimé son admiration pour le jeu des comédiens. Emu par un succès mérité, rendu par les acclamations nourries d'un public connaisseur, Ahmed Benaïssa, pourtant accoutumé au succès de ses pièces, intra et extra muros, soit en tant que comédien ou en tant qu'acteur, s'est dit « charmé, une fois de plus, par la magie des planches ». C'est connu, le roman Nedjma est l'une des plus importantes œuvres arabes, elle est présente dans toutes les œuvres de Kateb Yacine, y compris les poèmes et pièces théâtrales. Il faut savoir que la compréhension de ce roman requiert plusieurs lectures. Le roman Nedjma renferme de la poésie que l'auteur a utilisée notamment dans le dialogue de l'auteur avec sa cousine et bien-aimée Nedjma, particulièrement dans le contexte sociopolitique qui a vu la naissance de cette œuvre et l'influence de la littérature européenne sur l'auteur, notamment les œuvres de Proust et des écrivains grecs contemporains. L'écrivain Kateb Yacine était un révolutionnaire, son militantisme pour l'Algérie et ses positions en faveur des causes justes sont présentes dans plusieurs de ces œuvres, comme « Palestine trahie » et « Boucherie de l'espérance ». L'écrivain algérien d'expression française considérait le français comme butin de guerre, mais qui avait pourtant recouru à l'arabe dialectal dans la mise en scène de ses pièces. Ce même écrivain accordait une place importante à la femme dans ses œuvres, notamment dans la pièce théâtrale « Le cadavre encerclé ». L'auteur de Nedjma était aussi essayiste, journaliste, conférencier et commentateur avisé des mutations de la société algérienne.