Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, sera, aujourd'hui, à Abidjan. Il participera au nom du président français, François Hollande, à un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest. « Je m'y rendrai avec un attaché militaire pour voir avec nos amis Africains comment accélérer la mise en place de Misma » (Mission internationale de soutien au Mali), et « préciser un certain nombre de choses », dit-il. Ce « désir » d'accélération est partagé par la Cédéao qui a déjà envoyé une centaine de militaires togolais et nigérians. Désiré Kadré Ouédraogo, le président de la Commission de l'organisation régionale, l'a exprimé, hier matin, dans la capitale ivoirienne, lors de la réunion préparatoire de ce sommet, devant les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. « La guerre qui nous est désormais imposée par le refus des mouvements criminels et terroristes de l'offre de paix, suffisamment portée par les efforts de médiation de la Cédéao, exige de nous l'accélération du déploiement de la Misma », dit-il. Sur les 3.330 soldats promis par la Cédéao (Nigeria, 1200, Togo, 500, Bénin, 300, Sénégal, 500, Niger, Guinée, 125, Ghana, 120 et Burkina Faso, 500) pour prendre à terme le relais de l'armée française, 2.000 au moins, de cette force qui sera dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir, seront à Bamako avant samedi prochain et 1.300 dans les semaines suivantes. Le Tchad, dont les troupes sont rompues à la « guerre des sables », promet de contribuer à la force africaine avec 2.000 hommes, dont 200 de ses forces spéciales, soit au total, 5.300 soldats africains. « Il est tout à fait possible que des pays européens décident non seulement d'apporter de la logistique, mais aussi de mettre à disposition des soldats », déclare à Bruxelles, Laurent Fabius, à l'issue d'une réunion avec ses homologues européens sur la crise malienne où ils ont indiqué qu'« il est important de maintenir la stabilité au Sahel et de prévenir un impact négatif du conflit au Mali sur les pays voisins ». « Mais nous ne pouvons les forcer à le faire », précise-t-il en « découvrant » la teneur réelle de l'Europe de la défense en tant que concept. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, qui convoquera prochainement une réunion du Groupe de soutien et de suivi de la situation au Mali où elle réitérera l'engagement des « 27 » à « soutenir les pays voisins du Mali dans le contexte de sa stratégie au Sahel, afin de renforcer leur sécurité et leur développement », tient quasiment les mêmes propos. « La France n'est pas seule. Plusieurs pays du Vieux continent ont dit très clairement qu'ils étaient prêts à la soutenir par tous les moyens », dit-elle dans une conférence de presse. « Ils n'ont pas exclu un soutien militaire », précise-t-elle. « L'Allemagne, la Belgique et le Danemark ont déjà mis à la disposition de la France des moyens de transport aériens et l'Italie est prête à fournir un soutien logistique », ajoute-t-elle. Les Etats-Unis, qui connaissent très bien le Sahel pour y avoir mené depuis 2003 divers programmes de lutte contre le terrorisme, disent prendre « très au sérieux » l'intervention française. Selon Léon Panetta, ils examinent les conditions légales nécessaires à une éventuelle assistance. Selon Los Angeles Times, Washington pourrait envoyer sur place des drones et un petit nombre de soldats pour des missions d'appui. Sur le terrain, l'armée malienne, appuyée par les troupes françaises, a poursuivi, hier, sa progression vers le nord après avoir repris aux terroristes, le contrôle de Konna et Diabali, deux villes du centre.