Les chefs d'état-major de l'Afrique de l'Ouest ont entamé, hier, à Bamako, une réunion extraordinaire pour discuter des moyens et solutions à même de "libérer" le nord du Mali des groupes armés qui le contrôlent depuis neuf mois. "Nous nous retrouvons aujourd'hui pour parler essentiellement de l'engagement auprès de nos frères d'armes du Mali, pour, bien entendu, libérer le nord du Mali", a déclaré le général Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major de l'armée ivoirienne, lors de la cérémonie d'ouverture de la rencontre. Le chef d'Etat ivoirien Alassane Ouattara est le président en exercice de la Communauté économique des états de l'Afrique de l'ouest (Cédéao). Le général Bakayoko a "remercié" les uns et les autres pour "leur participation à ce combat", qui veut que "les forces de la Cédeao, se retrouvent ensemble pour aider le Mali à recouvrer sa liberté". La Cédéao doit former une force d'intervention de 3.300 soldats contre les groupes armés occupant le nord du Mali, conformément à une résolution de l'ONU qui a approuvé la création de cette unité, la Misma (Force internationale de soutien au Mali, avec un soutien logistique occidental. La Misma sera dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir. Les premières troupes, envoyées par le Nigeria, seront au Mali "avant la semaine prochaine", a annoncé lundi le président nigérian Goodluck Jonathan. Ban Ki-moon réitère son soutien aux efforts de la CEDEAO Par ailleurs, le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, s'est entretenu de la crise malienne avec le Président de la Côte d'Ivoire et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), M. Alassane Ouattara, qui lui a fait part de la tenue du prochain sommet de la CEDEAO samedi prochain à Abuja (Nigeria). Suivant de près la situation au Mali, le chef de l'ONU a également discuté avec M. Ouattara des projets de déploiement de forces militaires au Mali par plusieurs pays membres de la CEDEAO, a indiqué son porte-parole. Le Secrétaire général s'est également entretenu avec le ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, qui l'a informé des opérations militaires françaises entreprises pour répondre à la demande urgente du Mali. Par ailleurs, le chef de l'ONU s'est félicité que des partenaires bilatéraux aient répondu à l'appel lancé par le Mali, à la demande et avec l'accord de ce pays, en vue de fournir une assistance lui permettant de faire face à l'avancée vers le sud de groupes terroristes armés, a encore rapporté son porte-parole. Plusieurs pays, qui ont la capacité d'aider le Mali, lui fournissent actuellement une assistance, a-t-il indiqué. A ce propos, M. Ban a espéré que ces mesures contribueraient à contrecarrer la dernière offensive de ces groupes, tandis que les efforts se poursuivent en vue d'appliquer pleinement la résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité visant le retour à l'ordre constitutionnel du Mali et à son intégrité territoriale. Ces derniers évènements soulignent l'urgence de la mise en œuvre de tous les aspects de la résolution, notamment le soutien à apporter aux efforts de médiation de la CEDEAO, l'élaboration d'une feuille de route consensuelle pour la transition et le soutien à la MISMA et aux Forces de défense maliennes'', a-t-il poursuivi. En outre, les préparatifs se poursuivent en vue de déployer prochainement à Bamako (Mali) une équipe multidisciplinaire des Nations unies, afin de permettre à l'ONU de répondre à la demande de soutien formulée par les autorités maliennes, notamment en ce qui concerne le processus politique et la situation en matière de sécurité. Saïd Djinnit prochainement à Bamako Parallèlement, le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, M. Saïd Djinnit, poursuit ses consultations dans la sous-région, dans le cadre des efforts déployés en vue d'accélérer la mise en oeuvre de la résolution 2085 du Conseil de sécurité.M. Djinnit a rencontré, lundi à Abuja, le président de la Commission de la CEDEAO, M. Kadré Desiré Ouédraogo, et s'est aussi entretenu avec le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, M. Djibrill Bassolé. Selon le porte-parole de l'ONU, M. Djinnit doit se rendre à Bamako dans les prochains jours afin de discuter avec les dirigeants maliens. Par ailleurs, la délégation de France à l'ONU a informé, lundi soir, le Conseil de sécurité, réuni à huis clos, du déroulement des opérations militaires lancées par ce pays au Mali. A l'issue de ces consultations, le Représentant permanent français, M. Gérard Araud, a déclaré à la presse que les membres du Conseil de sécurité avaient exprimé leur appui à cette offensive militaire. En outre, il a affirmé que l'intervention militaire n'était qu'un aspect de la question en précisant que le processus politique de normalisation devrait absolument se poursuivre. Il s'agit, a-t-il soutenu, de poursuivre le processus politique à Bamako et le processus de réconciliation intermalienne . Il est donc essentiel, selon lui, que les Maliens adoptent le plus rapidement possible une feuille de route et créent une structure de négociations avec les groupes armés du nord malien qui se dissocient du terrorisme. A la question d'une journaliste qui lui demandait si l'intervention militaire menée depuis vendredi n'allait pas compromettre toute réconciliation politique, M. Araud a répondu que la question, maintenant, est de savoir si les groupes armés du nord malien ne verront pas, finalement, la preuve qu'il n'y a pas d'autre voie que celle de la négociation.'' Cette opération militaire, a-t-il poursuivi, prouve aux groupes armés du nord qu'ils ne pourront pas l'emporter par les armes''. Le Pentagone veut empêcher Al-Qaïda d'établir une base en Afrique du nord Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a déclaré, avant-hier, qu'il était nécessaire de veiller à ce qu'Al-Qaïda ne puisse pas établir une base d'opérations en Afrique du Nord et au Mali, tout en soulignant que les Etats-Unis ont travaillé avec leurs partenaires régionaux pour élaborer des plans afin de faire face à cette menace. ''Je réaffirme que nous avons la responsabilité de poursuivre Al-Qaïda où qu'elle se trouve. Nous l'avons poursuivie en Afghanistan et au Pakistan et nous allons après elle au Yémen et en Somalie. Et nous avons la responsabilité de veiller à ce qu'Al-Qaïda ne puisse pas établir une base d'opérations en Afrique du Nord et au Mali'', a déclaré le chef du Pentagone lors d'un point de presse à bord de l'avion qui était en route vers Lisbonne (Portugal). A ce propos, il s'est dit très préoccupé par AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et par ses efforts pour établir une base très solide dans cette région''. Soulignant que les Etats-Unis ont travaillé avec leurs partenaires régionaux pour élaborer des plans afin de faire face à cette menace, M. Panetta a salué la France pour avoir pris les mesures dans ce sens. A ce propos, il a avancé que les Etats-Unis avaient promis à la France de coopérer avec elle et de fournir toute l'aide pour essayer de l'assister dans cet effort. Près de 150 000 réfugiés et 230 000 déplacés, selon l'ONU Le nombre de personnes ayant fuit le conflit au Mali approche les 150 000 personnes dans les pays voisins, a indiqué, hier, le HCR et le nombre de Maliens déplacées dans le pays est proche de 230.000, a précisé le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).Le Haut Commissariat aux réfugiés a enregistré 144.500 réfugiés en provenance du Mali, dont 54.100 en Mauritanie et 50.000 au Niger. Par ailleurs le Programme Alimentaire Mondial (PAM), qui distribue de la nourriture au Mali via plusieurs ONG a souligné qu'il lui manque un financement de 129 millions de dollars pour répondre aux besoins. Le PAM estime que 500 000 personnes, au total, ont été déplacées au Mali depuis que les groupes rebelles ont pris le contrôle du nord du pays en mars 2012 à la faveur d'un coup d'Etat militaire. Lundi, l'ONU avait indiqué que des groupes armés occupant le Nord du Mali depuis neuf mois, s'efforçaient d'empêcher des milliers de Maliens de fuir la zone des combats pour gagner le sud du pays. Près de 30.000 civils ont été déplacés en raison de l'offensive lancée par des groupes armées depuis une semaine dans le centre et le nord du Mali, avait indiqué lundi le porte-parole adjoint de l'ONU Eduardo Del Buey. "On craint que le nombre de personnes affectées ne soit plus grand car il y des informations selon lesquelles certains groupes islamistes ont empêché des gens de se diriger vers le sud" du pays, avait expliqué le porte-parole.