Dans une lettre au Conseil de sécurité, Ban Ki-moon, le SG de l'ONU, juge « critique » la situation au Mali où l'existence de l'Etat est menacée, dit-il. « Le Mali est menacé par des terroristes aux connections régionales et mondiales. Répondre à ces défis nécessite des efforts politiques, sécuritaires et humanitaires. En même temps, les Nations unies doivent tenir compte, en calibrant l‘étendue de leur implication, des droits de l'homme et des problématiques de sécurité qui sont en jeu », dit-il. Ban Ki-moon propose trois options pour appuyer la Misma, la force ouest-africaine : un soutien logistique bilatéral sans financement de l'ONU, un soutien logistique total dans toutes les phases de l'opération qui serait financé par les contributions des Etats membres de l'ONU et un soutien bilatéral aux opérations de combat suivi d'un appui de l'ONU aux phases de déploiement des forces et de stabilisation. Précision de Ban Ki-moon : « si les Nations unies fournissent un soutien logistique aux forces militaires engagées dans une offensive, cela représentera un risque pour le personnel civil de l'ONU et réduira leur aptitude à mener leurs tâches dans la région ». Les Américains, qui refusent d'enter dans un nouvel engrenage africain, qui apparaîtrait comme une suite à leur désastreuse expédition en Somalie, à leur funeste enlisement en Irak, à leur guerre en Afghanistan et déconvenues du printemps arabe, semblent opter pour la prudence. Comme les Européens, ils prennent garde aussi de ne pas s'y impliquer. Les Français ont certes bénéficié de renseignements fournis par les drones américains, mais pas plus. La requête de Paris concernant les avions-ravitailleurs est restée lettre morte. Paris, qui ignore selon toute vraisemblance que la loi américaine interdit toute assistance, à l'exception de l'aide humanitaire, à un pays dans lequel un gouvernement démocratiquement élu est renversé, déplore ce refus d'engagement. Pour certains analystes, le « profil » US a une autre explication. Les Etats-Unis, qui privilégiaient l'apaisement politique et la formation des troupes maliennes pour renvoyer à plus tard toute initiative militaire chapeautée par l'ONU, reprochent, disent-ils, à la France de mêler processus politique de réconciliation nationale et déclenchement d'une opération militaire dans le Nord. Autre froideur, celui des Russes. Sergueï Lavrov, le ministre des AE, a indiqué, hier, que Moscou n'a pas proposé officiellement à la France de l'aider à acheminer des troupes au Mali comme l'avait affirmé son homologue français Laurent Fabius. La Russie a simplement proposé à la France de prendre contact avec des entreprises privées russes de transport, précise-t-il. Sur le terrain, les forces françaises consolident leur « dispositif d'interdiction » pour prévenir toute offensive des groupes terroristes en direction du Sud du pays et s'attellent à déminer. Près de 1.000 soldats nigériens, nigérians, togolais et béninois ont rejoint la Misma. A Bamako, le chef d'état-major de l'armée malienne fait dans la prévention. « Il a promis mardi que tout soldat qui commettrait des exactions contre les population civiles sera jugé par un tribunal militaire ». Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé, mardi, que près de 7.500 réfugiés avaient fui le Mali vers les pays voisins depuis que les forces françaises et maliennes ont lancé une contre-offensive visant les groupes terroristes. L'intervention de la France au Mali relève-t-elle de « l'improvisation », comme l'a annoncé, hier, le député UMP, Pierre Lellouche dans le Parisien ?