Mme Abdessemed, intervenant après d'autres moudjahidine, a eu raison de rappeler cette phrase prononcée, dès 1954, par Ben M'hidi : « La réussite de l'action dépend de la maîtrise de l'information ». Le congrès de la Soummam, en intégrant un officier des renseignements et des liaisons au sein du commandement de chaque wilaya, a institutionnalisé l'importance d'une mission sans laquelle rien ne pouvait se faire. Les déplacements des combattants, la circulation de l'information, l'organisation des services de santé ne pouvaient se faire sans une chaîne de liaisons bien huilée. Le combattant de l'ALN ne se sentirait pas comme un poisson dans l'eau sans le renseignement qui met en place les conditions de sécurité. L'armée française cherchait toujours à éliminer ces hommes pour briser les rouages de la révolution. L'introduction des liaisons et la formation des opérateurs radio à partir de 1957, surtout dans la wilaya V, ont constitué un nouveau palier dans l'organisation des renseignements. Ils étaient versés dans l'espionnage pour contrer, déjouer les manoeuvres ennemies et prévenir ses réactions. Ce n'est pas un hasard si tout un ministère, où étaient couplés l'armement et les liaisons générales, en l'occurrence le MALG, figurait dans l'organigramme du GPRA. En somme, « ils étaient l'œil et l'oreille de notre révolution », fait remarquer M. Abbad, de l'association Machaal Echahid qui a co-organisé la manifestation. Les intervenants se sont relayés durant près de deux heures pour énumérer les tâches importantes dont étaient chargés ces militants qui avaient pour mission de transporter des documents entre les différentes zones d'une wilaya ou entre les wilayas. Ainsi, Belkacem Fantazi, de la wilaya II historique, a expliqué que « les liaisons entre les wilayas servaient à échanger des informations sur un nouvel armement, les mouvements des troupes ennemies ou le passage de combattants de retour de Tunisie ou de mission ». Mme Akila Ouared a, longuement, évoqué ce que les femmes ont accompli au sein de l'émigration. Elle rendra auparavant hommage aux dirigeants de la fédération disparus, à l'instar de Rabah Bouziz, Kaddour Ladlani, Abdelkrim Soussi, qui a formé toute une génération à la responsabilité et au sens de la discipline. « Nous avons déniché des planques et, pour certaines, comme Zohra Harraigue, participé aux actions des commandos du FLN, comme nous avons transporté des fonds ou assuré le travail de secrétariat », se souvient celle qui fait partie depuis le dernier congrès de l'ONM de son secrétariat national. Elle parlera, également, des événements du 17 Octobre 1961, des préparatifs du référendum, indiquant que les agents de liaison ont sensibilisé sur l'importance de ces événements. Des officiers de liaison, comme Si Athmani, ont apporté leur témoignage sur leurs années, passées au front où ils étaient l'œil d'une révolution, guidant ses pas et ceux de ses combattants.