Une partie de l'histoire du Malg a été revisitée hier au Forum de la Mémoire du quotidien El Moudjahid par l'incontournable Machaâl Echahid autour du thème “la communication et la coordination entre les wilayas historiques", en réunissant une poignée d'hommes et de femmes qui ont apporté leur contribution au prix de grands sacrifices pour l'Indépendance de l'Algérie. Il s'agit plus exactement de ces agents de liaison sans qui les opérations préparées par le FLN ne pouvaient aboutir. Le Pr Mahmoud El-Bey rappelle, dans sa conférence, les circonstances de la création de ce qu'on appelait à l'époque “les boîtes postales" du FLN, réseau qui a vu le jour lors du Congrès de la Soummam en 1956. Bien que le terme ne soit pas parfaitement adéquat, les éléments, avec à leur tête un coordinateur, avaient, selon le conférencier, un rôle très important à jouer comme le suivi quotidien des mouvements de la police et de la gendarmerie françaises, assurer des contacts avec les soldats d'origine algérienne au sein de l'armée pour organiser leur désertion, organiser des refuges, des stocks de provisions et des centres de santé clandestins. Les liaisons entre les wilayas mobilisaient beaucoup de monde car les déplacements étaient très rigoureusement contrôlés, raconte l'intervenant qui relate, à l'occasion, son périple en rentrant de Tunis pour rejoindre Alger quand il était étudiant. C'était le cas pour les patrouilles ou caravanes qui se déplaçaient du Centre vers l'Est. Ces opérations se faisaient grâce à un itinéraire tracé par les agents de liaison qui “sécurisaient" le parcours. “Les consignes de sécurité étaient respectées au plus haut degré", dira le conférencier, ajoutant, à titre d'exemple, que le courrier n'était jamais remis directement au responsable, mais par le biais des boîtes postales. Cette tâche ardue sera quelque peu soulagée dès 1958 avec l'acquisition des premiers appareils radio. Avec le retour de l'organisation du FLN dans les grandes villes, notamment Alger, un nouveau mode de liaison est apparu et qui consistait à attirer une certaine catégorie d'Algériens ayant bénéficié des aides issues du fameux Plan de Constantine initié par De Gaulle et la Ve République. Ces derniers étaient, en effet, moins surveillés par l'administration coloniale, ce qui était une aubaine pour les utiliser dans le renseignement mais aussi dans le trafic d'armes. En métropole, les choses étaient encore plus compliquées dira la moudjahida, Akila Ouaret, dont le père était à l'époque un syndicaliste obligé de quitter l'Algérie et s'installer en France avec sa famille car condamné à mort par la faction criminelle “la main rouge". Elle a travaillé sous les ordres des responsables Omar Boudaoud, Ali Haroun ou encore Abdelkrim Souissi. Elle raconte comment elle assumait ses fonctions d'agent de liaison et contrainte sur ordre du FLN d'éviter tout contact avec les Algériens et de ne pas parler en arabe pour ne pas éveiller les soupçons de l'administration française. Mais elle ne manque pas de soulever le cas de ces Français qui ont aidé les Algériens et plaidé leur cause. “Des étudiants se portaient volontaires pour nous garder chez eux l'argent qu'on collectait, alors que certaines familles nous prêtaient leurs appartements", confie l'intervenante, qui citera également des noms comme Aïcha Bouzar, Nadia Seghir, Yamina Idjeli, Mme Amara dite Colette, Zina Harraigue, qui ont participé activement dans des réseaux de sabotage en France, alors que d'autres faisaient partie du réseau Janson, non sans oublier la grande moudjahida Ighil Ahriz. Pour sa part, Belkacem Fantazi dira que les agents de liaison constituaient la colonne vertébrale du renseignement durant la guerre de Libération. Tout comme le corps des transmissions a été le moteur dans la coordination des actions militaires des différentes unités combattantes. A F