Production du théâtre régional Azzedine-Medjoubi d'Annaba, la pièce, mise en scène par Mme Sakina Mekkiou, plus connue sous son nom d'artiste Sonia, sur un texte de Nadjet Tibbouni, est un hommage à toutes les Algériennes qui ont combattu contre l'occupation coloniale. « C'est quelque chose qui me tient à cœur. Beaucoup de femmes qui ont combattu pour la libération du pays sont malheureusement restées anonymes. L'écriture de l'histoire leur donnera un jour raison », a déclaré Sonia avant de poursuivre : « Je souhaite que toutes les femmes aient plus d'acquis, qu'elles cessent de se plaindre et qu'elles travaillent pour conquérir les droits qui sont les siens. Rien n'est donné. » Entrecroisement de panoramas : visuels, musicaux, chorégraphiques, textuels... Sonia met en jeu diverses personnalités. Une plongée captivante dans les profondeurs de l'être. Sur scène, cinq comédiens, Lynda Salem, Lydia Laârini, Raja Houari, Mouna Bensoltane et Amel Hanifi investissent les planches du TNA. Mieux encore, elles ont réussi à ressusciter la mémoire en mettant en exergue tous les sacrifices et toutes les souffrances des Algériennes, conduisant à une vive émotion du public. Présent et passé se font face, s'entremêlent, se distordent, donnent corps à toutes sortes de tableaux, réels ou fantasmés. De drôles de personnages défient ainsi les lois de l'apesanteur, glissent et rebondissent dans tous les sens. Tout cela est très beau, fait naître des images et des perceptions d'une grande poésie. Voici un théâtre riche et exploré, d'une influence primordiale sur toute l'histoire de la dramaturgie dressée par l'incroyable Sonia. Une œuvre de grande dimension dont le champ d'expression est superbement écrit et narré par Nadjet Tibbouni. Tout au long de cette pièce de 75 minutes, l'assistance, transportée dans la période de la lutte de Libération nationale, a découvert l'esprit nationaliste et combatif de Djamila Bouhired, Fadéla Saâdane et de Hassiba Ben Bouali qui ont consacré toute leur vie à la défense de la cause nationale et à la libération du pays du joug colonial. Les faits que reprend cette pièce remontent à 1961, lorsque, dans une des cellules de la prison de Serkadji (Alger), se rencontrent cinq moudjahidate, toutes condamnées à mort, mais bravent courageusement cette sentence en rêvant de liberté et d'indépendance pour leur pays. El Djamilate, qui fera l'objet d'une tournée à travers 25 wilayas du pays, a été produite à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance nationale.