L'association El Jahidhia, en collaboration étroite avec l'association Safia Kettou, a rendu, en fin de semaine écoulée, un hommage posthume à la journaliste, nouvelliste et poétesse Safia Kettou tragiquement disparue un certain 29 janvier de l'an 1989 à Alger. Cette initiative fait suite à l'hommage qui lui a été rendu, l'an dernier, par un ensemble d'intellectuels et de journalistes. Beaucoup d'émotion en ces chaudes retrouvailles et les amis et proches de la défunte qui ont déposé une gerbe de fleur au pont du Télemly où elle avait rendu l'âme l'ont honorée tel qu'il se doit avec des mots empreints de solennités. « Trois à quatre ans après son décès survenu en 1989 a débuté la réflexion qui s'est articulée autour de cette écrivaine dont nous avons senti une voix féminine qui défend et représente la femme algérienne, mais aussi une voix féminine arabe qui appelle à la liberté, à la littérature féminine audacieuse, qui trouve sa place dans ce monde », a déclaré Abdelkader Difallah, président de l'association Safia Kettou. Et de rappeler les péripéties qui ont amené la défunte à Alger. « Safia a quitté sa région natale d'Ain-Sefra en 1969 pour rejoindre Alger qui répond le mieux à son désir d'étaler son talent et son savoir-faire en matière d'écriture sous toutes ses formes. C'est une écrivaine qui était extrêmement sensible et souhaitait la paix dans le monde. D'autant qu'à cette époque de la fin des années 1970, il y avait plus de place pour l'humanité et la paix dans le monde. Ain-Sefra était, en effet, trop petite et trop conservatrice, ce qui a engendré l'interdiction de sortir et de travailler aux femmes, surtout celles qui se prédestinent au métier de l'écriture ». Ne la voila-t-il pas justement en train de monter tout en puissance en sa qualité de journaliste et poétesse. Elle a, en effet, travaillé pour plusieurs journaux à Alger et a édité au Canada « Amie cithare », « Planète mauve » et « Rose des sables », une série d'histoires pour enfants. « La question qui se pose est : pourquoi n'a-t-on pas édité ses ouvrages en Algérie puisqu'on retrouve ses publications du côté du pays de l'Erable ? C'est d'autant plus énigmatique qu'il existe dans notre pays des maisons d'édition aptes à la prendre en charge. De plus, la défunte a remis à la radio nationale une pièce de théâtre qui n'a pas vu le jour », s'est interrogé le président de l'association qui porte son nom. Safia Kettou s'est intéressée à l'écriture dès son jeune âge et voulait réussir dans ce métier qui la fascinait tant. « François Comunardi nous a confié que Safia avait l'habitude de le rejoindre pour lui montrer ce qu'elle écrivait dans l'espoir de lui corriger ses textes et nouvelles », a-t-il révélé. Pour mémoire, l'association Safia Kettou est créée par un ensemble d'intellectuels et d'écrivains en 2007 à Ain-Sefra. C'est une association qui œuvre à la promotion de l'écriture féminine et l'écriture de jeunesse ainsi qu'à l'édition de textes d'Isabelle Eberhardt ravie aux siens en 2004 dans une crue d'oued à Ain-Sefra.