Après Sergei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, ministre iranien des Affaires étrangères, rencontre Cheikh Ahmed Moaz al-Khatib, le chef de l'opposition syrienne en marge de la conférence annuelle sur la sécurité à Munich, dans le sud de l'Allemagne. Une première appelée à se renouveler, selon Moscou et Téhéran. Moscou et Téhéran se désolidariseraient-elle de Damas, comme s'empresse de l'affirmer l'Occident ? Pas évident. Plusieurs analystes qualifient le geste d'Al Khatib qui « tend la main » aux émissaires du régime, sous conditions (libération de 160 000 détenus, renouvellement des passeports aux Syriens, actuellement, à l'étranger et fin de la répression) de premier pas annonciateur d'une solution. Al-Khatib exhorte Bachar Al-Assad à répondre positivement à son offre, qualifiée par la Maison-Blanche d'« initiative majeure », s'il veut épargner à la Syrie davantage de souffrances (60.000 morts en 23 mois) et partir en paix. « Je dis à Bachar Al-Assad : ‘'regarde dans les yeux de tes enfants et essaie de trouver une solution. Nous nous entraiderons alors dans l'intérêt du peuple''. La balle est dans son camp. Il doit dire oui ou non », affirme à la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera celui qui, en appelant à ce dialogue, le 30 janvier dernier, a fait grincer des dents au sein de ses « amis » de la Coalition au point d'être qualifié de « traitre » par certains. « Notre peuple est en train de mourir et nous ne le permettrons pas. Nous refusons que ceux qui parlent de négociations soient accusés de trahison comme l'ont fait certains opposants », dit-il avant de recevoir à son retour au Caire un tir de barrage de la part de ses « amis ». « Rencontrer le ministre iranien des Affaires étrangères n'était absolument pas nécessaire parce que c'est inutile. L'Iran soutient Assad sans réserve. Il aurait très bien pu rencontrer, directement, le ministre syrien des Affaires étrangères », estime l'un des 12 membres du bureau politique de la Coalition. Pour d'autres politiques syriens, Al Khatib, qui est convaincu que les grandes puissances n'ont aucune vision, ni solution au conflit syrien, vient d'effectuer une « manœuvre politique calculée pour mettre Assad dans l'embarras ». Selon le chef de l'opposition syrienne, Al Assad sait que la création d'un gouvernement de transition, doté des pleins pouvoirs, constitue l'une des options à discuter. « Si le régime veut un règlement (de la crise), il pourra y prendre part », dit-il.