Le chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, a exhorté hier le régime de Bachar al-Assad à répondre positivement à son initiative de dialogue pour mettre fin à un bain de sang qui a fait plus de 60.000 morts en 23 mois. Usant d'un ton amène dans des déclarations à la chaîne satellitaire Al-Jazeera, le chef de la Coalition s'est dit prêt à «tendre la main» au régime s'il acceptait de s'asseoir à la table de négociations en vue de parvenir à une transition politique dans le pays. Tranchant avec le langage virulent de l'opposition à l'égard du chef de l'Etat qualifié le plus souvent d' «assassin», M.Khatib a invité le président syrien à épargner à la Syrie davantage de souffrances. «Je dis à Bachar al-Assad: 'regarde dans les yeux de tes enfants et essaie de trouver une solution''. Nous nous entraiderons alors dans l'intérêt du peuple», a-t-il dit. «Je dis au régime d'arrêter cette attitude arrogante et condescendante envers le peuple. Docteur Bachar, ce pays fait face à un grave danger, cesse d'être dans ta bulle, ne serait-ce qu'un instant, regarde dans les yeux de tes enfants et tu récupèreras une partie de ton humanité», a-t-il dit, utilisant un titre employé généralement par la presse officielle ou les partisans du président. M.Khatib avait créé la surprise le 30 janvier en appelant à un dialogue, sous conditions, avec des représentants du régime, suscitant les réserves d'une partie de son camp. «La balle maintenant est dans le camp du régime (...) il doit dire oui ou non. Nous tendrons la main dans l'intérêt du peuple et pour aider le régime à partir en paix», a souligné le chef de la Coalition à la chaîne Al-Jazeera. Répondant à ses critiques, il a dit refuser «que ceux qui parlent de négociations soient accusés de trahison». «Notre peuple est en train de mourir et nous ne le permettrons pas», a-t-il martelé. Ces déclarations interviennent alors que la population syrienne est épuisée par près de deux ans de tueries, de destructions et d'une terrible dégradation de la situation humanitaire. La volonté de dialogue de M.Khatib avait été saluée par les deux principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran, dont les ministres des Affaires étrangères ont rencontré le chef de la Coalition le week-end dernier en Allemagne et promis de poursuivre des contacts «réguliers». Parallèlement à son ouverture envers l'opposition, Téhéran ne cesse toutefois d'apporter son soutien à son allié syrien, notamment après au raid mené par son ennemi juré, Israël, le 30 janvier contre un complexe militaire près de la capitale syrienne. «L'entité sioniste regrettera son agression contre la Syrie», a assuré le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Saïd Jalili, en visite depuis samedi à Damas où il a rencontré M. Assad. Il a prévenu que l'Iran «utilisera toutes ses relations (...) pour soutenir la Syrie contre l'ennemi sioniste». Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a implicitement confirmé dimanche le raid, réaffirmant qu'Israël ne permettrait pas que des armes soient transférées de Syrie au Hezbollah chiite libanais, allié de Damas et bête noire d'Israël. Selon des informations publiées dimanche par le New York Times, le raid pourrait avoir endommagé le principal centre syrien de recherche sur les armes biologiques et chimiques, à la suite de l'explosion de bombes visant un convoi transportant des armes anti-aériennes.