« Le monde entier est là. Nous allons réfléchir aujourd'hui sur tout ce qui concerne la stabilisation du Mali ». A son arrivée au bâtiment du Conseil de Bruxelles, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, se voulait très optimiste. Une partie gagnée d'avance ? « On sait bien qu'il est plus difficile de construire la paix que de gagner la guerre. La paix demande des concessions, du dialogue, la recréation d'un espoir. C'est donc un travail plus complexe et plus long. Mais, si vous isolez le crime organisé international, le grand terrorisme, le trafic de drogue à grande échelle, si vous coupez les liens entre les Andes, les côtes atlantiques de l'Afrique et du nord du Mali, vous pouvez très aisément construire la paix au Mali », souligne le chef de la diplomatie malienne. Le « narco-djihadisme », versé dans le gangstérisme et le crime organisé sans frontières, est, par excellence, le mal intégral incrusté dans le Sahel de la famine, de la malnutrition et de la pauvreté endémique. Au Mali, la bataille décisive de la paix mobilise la communauté internationale pour structurer l'aide, œuvrer au financement et au fonctionnement de la Misma et garantir la transition politique. A l'invitation de l'Union européenne (UE), le Groupe de soutien, mis en place, le 20 mars 2012, par le CPS (Conseil de paix et de sécurité) et associant, notamment, l'Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les Nations Unies, les pays voisins du Mali et d'autres de la région, tient, depuis hier, sa 3e réunion (Abidjan, en juin 2012 et Bamako, en Octobre) pour favoriser le retour à la légalité institutionnelle et constitutionnelle qui conditionne la reprise de l'aide publique gelée depuis le coup d'Etat militaire du 22 mars 2012. Alors que la traque des groupes terroristes bat son plein à Kidal, la mobilisation internationale tend à conforter la réalité de terrain et l'effort consenti par la conférence des donateurs organisée conjointement par l'UA et la Cédéao, à Addis-Abeba, le 29 janvier 2013. « Il s'agit de préparer le jour d'après », a indiqué un responsable de l'UE qui envisage de débloquer quelque 250 millions d'euros. En contrepartie, le lancement de la « feuille de route », récemment adoptée par le parlement malien, se fonde sur un « calendrier ambitieux » qui prévoit l'organisation des élections générales et des présidentielles, attendues le 31 juillet au plus tard. La bataille de la paix, qui intègre, également, le développement des régions désertiques et démunies du nord, est lancée.