« Nous sommes tombés d'accord sur le fait que la force africaine au Mali soit aussi rapidement que possible placée sous l'autorité de l'ONU », déclare, dans une conférence de presse, avec le président François Hollande, Joe Biden, le vice-président américain apportant le soutien de son pays à l'intervention militaire française au Mali. « La Misma devra devenir une opération de maintien de la paix des Nations unies », estime le président français, réalisant que les forces africaines peinent à arriver sur le terrain et il leur faudra beaucoup de temps pour qu'elles soient opérationnelles. C'est fort de ce constat et de « l'intérêt national qui est en train de prendre le pas sur l'intérêt européen » que les Nations unies avaient annoncé, la semaine passée, qu'elles réfléchissaient à la mise en place d'une force de maintien de la paix de Casques bleus, qui pourrait intégrer toutes les forces africaines déployées au Mali, y compris les 2.000 Tchadiens non prévus dans la Misma. Interrogé sur cette mission de Casques bleus, Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, répond : « Nous jouerons à ce moment notre rôle », sans préciser si ce « rôle » serait intégré aux Casques bleus ou resterait en soutien, comme en Côte d'Ivoire où l'opération Onuci/Licorne a permis, en 2011, de neutraliser l'ex-président Laurent Gbagbo. Le Mali, dont l'armée est sous-équipée et en manque de formation et d'entraînement, est réticent. « Que signifie cette mission de la paix ? La paix entre le Mali et qui ? Entre le Mali et Aqmi ? entre le Mali et le Mujao ou Ansar Dine ? » s'interroge Tiéman Coulibaly, ministre malien des Affaires étrangères avant de répondre : « Non à toute négociation avec des terroristes. La mission doit venir en appui à l'armée malienne pour stabiliser l'ensemble du territoire », dit-il, avant d'évoquer la situation à Kidal « actuellement sous le contrôle du MNLA et du Mouvement islamique de l'Azawad ». Coulibaly ne croit pas trop en ces derniers mouvements qui « acceptent la présence de militaires français et refusent celle des armées malienne et africaine. « Derrière ce MNLA, il y a les supplétifs d'Aqmi », dit-il. Et de préciser : « Le Mali n'a pas de conflit post-électoral, nous n'avons pas de guerre civile, nous avons simplement des forces narco-djihadistes qui ont décidé de détruire notre république ». Tout comme la France, Coulibaly, qui appelle à « une discussion inclusive dans toutes les contrées du Nord, sans marginaliser les Touareg », croit en la tenue des élections avant le 31 juillet. Bien avant le ministre des Affaires étrangères, la « feuille de route » adoptée par le Parlement malien mentionne l'idée d'une discussion avec certains groupes armés.