Des carpes, des poissons-chats, des brochets... dans des exploitations agricoles ? C'est ce que projette la direction de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya d'Alger. Elle a organisé, hier, au Centre national de recherche et du développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA) une journée de sensibilisation et de vulgarisation sur l'intégration de la pisciculture à l'agriculture. Une activité qui n'a, malheureusement, pour l'heure, pas suscité l'intérêt requis. Les professionnels reconnaissent ce manquement et jugent que l'heure est au développement de cette activité qui consiste à introduire l'élevage de poissons dans un milieu à vocation agricole. Le procédé consiste à développer les deux activités parallèlement ou séquentiellement, en bénéficiant des avantages de l'une pour l'autre. En général, la pisciculture intégrée est plus préconisée dans les zones rurales, notamment au niveau des petites et moyennes exploitations vu son apport en protéines. « Le développement de ce segment en Algérie est en mesure de diminuer la malnutrition et ce, grâce à un approvisionnement en nourriture à haute valeur nutritionnelle et de garantir un apport supplémentaire en protéines », a indiqué la représentante du CNRDPA, Mme Djamila Ferhan. Au-delà de la valorisation des plans d'eau naturels et artificiels, cette intégration permet aussi la création d'un micro écosystème pouvant recycler les résidus agricoles dans la pisciculture et vice versa tout en réduisant la pollution organique. En clair, il s'agit d'accroître les rendements agricoles de l'exploitation et développer une agriculture bio et durable. L'Algérie n'est pas novice en la matière. Selon le directeur de l'Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l'aquaculture, Dr Khaled Belhasnat, l'introduction de l'élevage au niveau du barrage de Béni Messous et au lac de Reghaïa, du Gambus, première espèce piscicole introduite dans le pays, remonte à 1926. Plusieurs autres espèces, provenant d'Egypte, de Hongrie... ont été introduites dans plusieurs régions du pays, tels la truite arc-en-ciel, le black bass, le brochet, le tilapia, la carpe herbivore, le serpent-chat, le rotengle... Certaines espèces se sont parfaitement adaptées, d'autres, en revanche, n'ont pas trouvé des frayères naturelles. Ce qui a causé leur disparition. Dr Belhasnat cite l'élevage de la truite arc-en-ciel. « Introduite en Algérie en 1936, plus précisément à Collo et à Tlemcen, cette espèce n'a pu s'adapter aux températures élevées du pays, ce qui a conduit à sa disparition en 1983 », a-t-souligné, estimant qu'il est impératif de relancer et développer cette activité à même de l'intégrer à l'agriculture. Il relève, à cet effet, l'importance des moyens matériels à mettre en place, notamment l'octroi de crédits conséquents aux intéressés et porteurs de projets dans le domaine, vu le coût excessif de l'installation de bassins, d'étangs et d'enclos pour l'élevage de poissons. Ainsi, le prix d'un bassin avoisine les 5 millions de dinars. Pour le moment, la seule expérience ayant donné des résultats satisfaisants est celle relative à l'élevage de géniteurs, poisson d'ornement provenant de milieu naturel.