Le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques bat ces derniers mois la mesure d'un développement harmonieux du secteur. Les cadres chargés de la gestion de la filière de l'aquaculture notamment mènent plusieurs projets. Leur imagination créatrice et leur volonté de limiter les importations de nos besoins en produits de la mer devraient avoir un impact positif sur l'agriculture. Ce secteur est concerné par l'enrichissement des eaux des retenues d'irrigation en engrais naturels ainsi que la création d'une source non négligeable en protéines fraîches et accessibles pour les populations riveraines aux basins et autres espaces de culture et d'élevage. Impact positif également en termes d'environnement avec l'enrichissement de la biodiversité locale facteur de lutte contre la prolifération des insectes nuisibles. Ces aspects et bien d'autres ont été développés par Samih Belouahem, chef du service aquaculture à la Direction de la pêche de Annaba. Interrogé sur les capacités de l'aquaculture nationale à se mettre au diapason du programme de relance économique, ce jeune cadre a révélé : «Qu'il soit d'importation ou local, le produit aquacole est très présent sur le marché national depuis quelques années. Sans le savoir peut -être, certains en consomment énormément. C'est pourquoi l'on peut affirmer qu'il existe un potentiel certain et fiable. Les opérations d'empoissonnement lancées récemment en différentes régions du pays devraient générer de réelles retombées socio-économique en divers créneaux.» Cette déclaration est, d'une certaine manière, une mise au point à l'adresse de ceux qui, en Algérie et ailleurs, gaussaient des capacités algériennes à développer la filière de l'aquaculture. Les projets mis récemment en exploitation leur offrent l'occasion de revoir leur appréciation. Particulièrement du côté d'Azzefoune et de Cap Djenet où l'on s'est spécialisé dans la culture du loup et de la daurade. D'autres projets sont venus s'y greffer comme ceux destinés à la culture du pangas, un type de poisson d'eau douce dont la chair très savoureuse est commercialisée au prix de 1 000 DA/kg. D'autant qu'il est présenté sous la forme de filets de sole surgelé censés être un produit issu de l'aquaculture vietnamienne au mékong. D'autres projets sont tout aussi intéressants. C'est dire que le produit aquacole national pourrait s'imposer à l'avenir. «L'aquaculture continentale constitue le créneau le plus producteur en poissons d'élevage en Algérie. Tout autant que la pêche continentale qui pourrait prendre un véritable essor dans notre pays. Chez les jeunes notamment avec la création de petits centres de pêche accessibles aux bénéficiaires de l'aide de l'Etat. Et quand on sait que la pêche sportive à la carpe poisson combatif et robuste est l'une des plus répandue à travers le monde et qu'elle est utilisée comme appât pour la pêche maritime, il y a de quoi intéresser les investisseurs», argumente Samih Belouaham. Les transformateurs sont également concernés par le développement de l'aquaculture. Cela a été le cas pour un investisseur de Collo (Skikda) exploitant une conserverie de thon et sardine. En rupture de stock chronique de ces deux types de poissons, il a été contraint de se rabattre sur la carpe en conserve. Il n'a pas changé depuis. Dans ses projections sur l'avenir, le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques projettent des projets d'empoissonnement d'autres types de poissons d'eau douce. Le sandre à chair très estimé et très recherché fait partie du lot au même titre que l'engraissement du mulet (muge) de mer et l'anguille dans les barrages, lacs et retenues collinaires. Ce qui justifierait l'optimisme des techniciens de l'aquaculture en charge de ce dossier. A ce niveau, l'on parle de l'impact positif que pareils projets auront sur le plan économique et social. Particulièrement en termes de création de postes de travail que les mêmes techniciens estiment à plus de 20 000 en amont et en aval de l'activité aquacole. Le secteur du tourisme est aussi concerné. En effet, outre la pêche sportive à la carpe qui permet l'organisation de compétitions internationales avec ce que cela sous-entend comme arrivées de touristes, il y a le cadre de villégiature. L'exemple de pareil impact provient de la retenue collinaire de Zaïri dans la commune de Ourissia (Sétif). De totalement désertique avant l'opération empoisonnement, ce lieu a été transformé en point de chute des familles de toute la région. Celles-ci l'ont transformé en site le plus visité de la wilaya de Sétif. Le même engouement est vécu du côté du barrage de Mila et celui de Guenitra à Collo (Skikda) où l'excellente qualité de l'eau permet la culture de la carpe au goût très apprécié par les pêcheurs amateurs. A l'ouest comme à l'est du pays en passant par le Centre et le Sud, le temps est aux initiatives de développement de l'aquaculture. Sétif d'abord, Tarf et Annaba ensuite pourraient se transformer en régions pilotes de la culture de poissons d'eau douce. Annaba se présente comme le porte-flambeau de la politique de développement de la filière mise en application par le ministère. Ce titre se justifie par la création récente de 6 sites destinés à l'aquaculture marine. Le plus important est certainement celui de la crevetticulture pour laquelle il a été dégagé 10 ha de terre à Sidi Salem (El Bouni). Ras El Hamra, lieu en bordure de mer à la pointe ouest de la corniche d'Annaba, ce sont 1 000 m2 sur terre et 5 ha en mer que les décideurs destinent à la pisciculture alors que 500 m2 à terre et 5 autres ha en mer serviront à la conchyliculture. Bien que très poissonneuse, la côte de Oued Laghnem, dans la commune touristique de Chetaïbi, disposera de 1 000m2 sur terre et 5 ha en mer pour le développement de la pisciculture. Alors qu'il sera mis à la disposition de la conchyliculture 500 m2 sur terre et 5 ha en mer. La Fontaine Romaine, l'Anse de Guargamiz et la Baie Ouest, 3 localités côtières de Chetaïbi, auront les mêmes surfaces pour développer des activités similaires en cages flottantes ou en filières. C'est dire que les quelque 3 000 tonnes de carpes réalisées (85% en pêche continentale, 2% en aquaculture marine et 13%) en exploitation de ressources naturelles entre anguilles, mollusques et autres espèces devraient doubler à l'horizon 2013.