Les dirigeants des 28 pays membres de la Communauté des Etats du Sahara et du Sahel (Cen-Sad), une structure créée en 1998 à Syrte, avec comme objectif l'établissement d'une union économique globale basée sur une stratégie de développement communautaire, se retrouveront, ce matin, à N'Djamena pour un sommet extraordinaire. Au menu : les retombées de la guerre en Libye, la crise du Mali, l'intervention militaire française au Nord de ce pays, la création d'un conseil permanent de paix et la sécurité pour pouvoir parler d'une seule voix à l'Union africaine et l'ONU et la menace terroriste. Pour les participants, la crise du Mali est le catalyseur qui a dévoilé les défis auxquels est confrontée la zone sahélo-saharienne, de la Mauritanie à la Somalie, de l'Egypte à la Côte d'Ivoire. Outre les trafiquants en tous genres (drogue, armes,...) qui sont associés aux groupes terroristes, les 28 pays souffrent d'une autre tare : aucun d'entre eux n'a la maîtrise de ses frontières poreuses. Selon N'Djamena, ce sommet, qui verra la participation d'au moins 11 chefs d'Etat, dont le Malien Dioncounda Traoré, pourrait se conclure par « une résolution de la Cen-Sad sur la crise malienne » et « une déclaration sur l'aspect sécuritaire dans l'espace sahélo-saharien ». Les pays de la Cen-Sad ne sont pas les seuls à s'inquiéter pour le Mali. Les Etats-Unis aussi. Selon Johnnie Carson, le secrétaire d'Etat adjoint américain aux Affaires africaines, la neutralisation du terrorisme dans ce pays sera « un effort de longue haleine ». « Tout succès militaire restera éphémère tant qu'un gouvernement démocratique crédible répondant aux besoins de tous les Maliens n'a pas été instauré », dit-il devant la commission des Affaires étrangères du Congrès en insistant sur le nécessaire dialogue avec les groupes qui « rejettent le terrorisme et acceptent l'unité de l'Etat ». « Nous ferons les efforts nécessaires pour assurer que le succès militaire aboutisse à une stabilité à long terme en encourageant des élections accélérées, en marginalisant la junte militaire, en tenant responsables les personnes coupables de violations des droits de l'Homme et en soutenant un processus de réconciliation nationale qui réponde aux revendications légitimes et de longue date des populations du nord », assure-t-il. Selon le responsable américain, le dossier malien reflète « la fragilité de la gouvernance dans la région » et la poussée des groupes terroristes avec lesquels « il ne peut y avoir de dialogue ». A Bamako, le gouvernement semble réaliser que le calendrier qu'il a avancé ce week-end, les 7 et 21 juillet, pour la présidentielle et les législatives, est difficile à respecter. Outre la reconquête militaire du nord, l'Etat doit faire face à une situation humanitaire catastrophique (400.000 personnes ont fui le nord depuis le début du conflit, plus de 150.000 ont trouvé refuge dans les pays voisins). « Le délai de fin juillet évoqué par le président malien Dioncounda Traoré pour l'organisation d'élections présidentielle et législatives au Mali peut être révisé si nécessaire », affirme le ministre malien de l'Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly. « Notre objectif (...) n'est pas de tenir des délais, mais de sortir de la crise », dit-il, reconnaissant qu'il est difficile d'organiser des élections avec 120 partis, une dizaine de regroupements politiques et avec la participation et des réfugiés et des déplacés.