La Somalie qui subit une guerre civile depuis 1991 sombre peu à peu dans un chaos qui pourrait s'étendre à toute la Corne de l'Afrique. Avec la piraterie maritime qui prend de l'ampleur, elle pourrait constituer une menace pour le commerce mondial. «La Somalie est aux mains d'Al-Qaïda et de groupes extrémistes», a avoué lundi dernier Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré élu président en janvier 2009 à … Djibouti, devant ses homologues de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, Ouganda, Ethiopie, Djibouti, Kenya, Soudan) à Addis-Abeba avant de leur demander de « redoubler» d'efforts pour mettre «en urgence» sur pied une stratégie militaire pour contrer les «400 à 450» membres d'Al-Qaïda, les «7000» combattants des chebab (jeunesse), les «centaines» du Hezb al-Islam et de rappeler à la communauté internationale ses «promesses» d'appuis financier et militaire. Les «islamistes» qui ont fait allégeance au réseau de Ben Laden contrôlent réellement le centre et le sud du pays et la partie nord de Mogadiscio. Depuis peu, ils multiplient les combats dans la partie de la capitale défendue par les forces gouvernementales soutenues par la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Objectif : obtenir la perte du gouvernement fédéral de transition pour transformer la Somalie en un sanctuaire qui leur permettra d'aller à la conquête des pays de la région. Comme pour faire vite, les «islamistes» somaliens veulent unir leurs forces. Abdi Mohamud Godane, un dirigeant des chebab a rencontré vendredi à Mogadiscio Cheikh Hassan Dahir Aweys, le leader du Hezb al-Islam et un responsable des combattants d'Al-Qaïda pour parler de la faisabilité d'une «grande offensive contre les 6000 soldats ougandais et burundais de l'Amisom déployés depuis mars 2007. Selon des analystes, cette réunion au sommet des islamistes a été provoquée par l'engagement pris lundi par les six pays d'Afrique de l'Est de fournir 2.000 soldats supplémentaires à la force africaine. Pour dissuader certains pays, les shebab menacent de porter la violence en Ouganda et au Burundi. «Nous savons que le peuple somalien peut s'enorgueillir de deux précédentes victoires contre les Américains et les Ethiopiens et la bataille contre l'Amisom sera la dernière à gagner», déclare Ahmed Abdi Godane, alias Abou Zubaïr avant d'annoncer aux Ougandais et Burundais qu'ils seront « les cibles de représailles pour le massacre de femmes, d'enfants et de vieillards somaliens». Les voisins de la Somalie prennent peur. Ils demandent à l'Union africaine (UA) de nommer une personnalité de premier plan pour superviser les efforts de paix en Somalie, augmenter si nécessaire le nombre de soldats à 20.000 et au gouvernement d'ouvrir le dialogue avec ses opposants. «Le statu quo qui prévaut en Somalie ne sera jamais acceptable», prévient le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, convaincu que la situation chez son voisin est «entretenue par des acteurs non somaliens». Les Européens, les Américains, les Russes qui ont mobilisé leurs navires de guerre pour défendre leur commerce et la «voie du pétrole», feront -ils autant pour sauver les Somaliens d'une mort programmée ?