Une semaine après avoir promis de porter la «mort» en Ouganda et au Burundi, les deux pays qui fournissent les 6.000 soldats de la force de l'Union africaine en Somalie ((Amisom), les Shebab, le bras armé du mouvement islamiste somalien qui a allégeance à Al Qaida, est passé à l'acte. Ce double attentat, le premier à l'étranger, pourrait lui permettre d'acquérir un sauf conduit d'Al-Qaïda pour l'Afrique de l'Est. Deux attentats à la bombe, perpétrés selon toute vraisemblance par des kamikazes, ont ciblé dimanche soir à Kampala, deux établissements fréquentés par les étrangers : Kyadondo Rugby Club un restaurant qui diffusait le match Pays Bas-Espagne sur grand écran et vingt minutes plus tard, l'«Ethiopian Villa-ge», un bar restaurant qui, outre le match, a «payé» fort probablement pour son «appartenance». L'Ethiopie qui est intervenue militairement fin 2006 pour chasser les Tribunaux islamistes, est déclarée depuis ennemie numéro des shebab. Bilan : au moins 74 morts, dont 10 étrangers, et autant de blessés. C'est l'attentat le plus meurtrier commis en Afrique de l'Est depuis les attaques-suicides d'août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar-es Salam (200 morts). «Les gens qui regardent du football ne sont pas des gens qui doivent être pris pour cible. Si les auteurs des attentats veulent se battre, qu'ils s'en prennent à des soldats», déclare le président ougandais Yoweri Museveni sur les lieux des attentats, promettant de «garder» ses troupes en Somalie. Sans attendre une quelconque revendication de cet acte «barbare et lâche», —elle est venue en fin de journée par la voie de leur porte-parole Ali Mohamed Rage à Mogadiscio—, tous les doigts indiquent la piste des Shebab. Outre l'appel de Ahmed Abdi Godane, le milicien en chef, à chasser l'Amisom, ils ont interdit aux jeunes Somaliens de regarder la Coupe du monde à la télévision, jugeant cette activité «anti-islamique». L'onde de choc de ce massacre a été ressentie au Burundi, l'autre pays qui est dans la ligne de mire des islamistes somaliens. Le porte-parole de la Force de défense nationale, le colonel Gaspard Baratuza, annonce «des mesures sécuritaires supplémentaires» pour parer à toute éventualité. Notamment, à l'aéroport international de Bujumbura. Le Kenya qui est frontalier à l'ouest de l'Ouganda et au nord-est de la Somalie, prend l'affaire au sérieux. Nairobi, annonce le renforcement du contrôle de ses frontières. Notamment le long des 680 km avec Mogadiscio. Deux ou trois questions pourraient se poser après ce qui s'est passé dimanche soir. Les six membres est-africains de l'Organisation panafricaine qui ont décidé la semaine passée de renforcer l'Amisom de 2 000 hommes tiendront-ils leur engagement ? Kampala sera-t-elle en mesure d'accueillir du 19 au 27 juillet le prochain sommet de l'Union africaine ?