La capitale ougandaise accueille le sommet de l'UE quelques jours après les sanglants attentats commis par les Shebab somaliens. La venue des chefs d'Etat africains y tient de la coïncidence, le sommet y étant programmé de longue date. L'Union Africaine va se prononcer pour un engagement militaire accru contre les insurgés shebab en Somalie, lors d'un sommet convoqué ce week-end à Kampala deux semaines après les attentats revendiqués dans la capitale ougandaise par les islamistes somaliens. La venue des chefs d'Etat africains y tient de la coïncidence, le sommet de l'UA ayant été arrêté de longue date. Mais les dirigeants africains en profiteront pour en faire un symbole de leur détermination à combattre les milices islamistes, qui ont revendiqué le double attentat du 11 juillet (76 morts) perpétré en représailles à l'implication militaire ougandaise en Somalie. Les chefs d'Etat africains, réunis de dimanche à mardi, devraient donc endosser une proposition d'envoyer 2000 soldats pour renforcer les 6000 hommes déjà déployés au sein de la force de maintien de la paix de l'UA (Amisom) à Mogadiscio, estiment diplomates et experts. Il semble acquis que l'Ouganda, déjà majoritaire au sein de l'Amisom (3500 hommes aux côtés de 2500 Burundais) apportera la quasi-totalité de ces renforts, ajoute-t-on de source diplomatique proche du dossier à Nairobi. «Nous sommes capables de fournir la force demandée, si les autres pays ne le peuvent pas», a déjà prévenu le porte-parole de l'armée ougandaise le lieutenant colonel Felix Kulayigye. Les chefs d'état major de l'organisation régionale est-africaine, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, qui avait formulé cette proposition de renfort quelques jours avant les attentats), étaient en réunion jusqu'à hier à Addis Abeba pour en finaliser les modalités avant de les soumettre au sommet de l'UA. Hôte du sommet et cible des shebab, l'Ouganda va également demander de donner une orientation beaucoup plus offensive au mandat de l'Amisom, chargée pour l'essentiel aujourd'hui de défendre les quelques quartiers de Mogadiscio où est installé le gouvernement provisoire somalien. «Nous allons passer à l'offensive pour ce que (les shebab) viennent de faire», a promis le président ougandais Yoweri Museveni. Le gouvernement ougandais veut croire que les shebab ont commis «une grave erreur» en perpétrant ces attentats qui ont remobilisé la communauté internationale contre eux. Mais l'organisation non gouvernementale International Crisis Group y voit plutôt un piège tendu par l'aile la plus dure des shebab, qui rêve d'internationaliser le conflit somalien au nom du Jihad global. Ces éléments «tentent de susciter une réaction de l'Amisom dont ils seraient les bénéficiaires», estime le responsable d'ICG pour la Corne de l'Afrique, Ernst Jan Hogendoorn. «Si les Ougandais agissent de façon indiscriminée (en faisant de nombreuses victimes civiles), ils risquent de faire le jeu des shebab», analyse cet expert. La situation en Somalie devrait selon les analystes éclipser ce qui aurait autrement constitué le principal sujet politique du sommet des 53 pays membres de l'UA: la situation au Soudan, à l'approche d'un référendum sur l'indépendance du sud du pays prévu en janvier prochain. Inculpé la semaine dernière de génocide par la Cour pénale internationale qui le poursuit depuis mars 2009 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, le président soudanais Omar El Bechir devrait renoncer à venir à Kampala, estiment les experts de l'organisation. Les turbulences politiques sur le continent, enfin, risquent de laisser à l'arrière plan ce qui est pourtant le thème officiel du sommet: la mortalité maternelle et infantile en Afrique et ses conséquences sur le développement.